« Il faut travailler avec la nature plutôt que contre la nature », explique la présidente de l’association française du réseau européen du littoral (EUCC-France), Yvonne Battiau-Queney.
« Mais pour utiliser des processus naturels, il faut les connaître », souligne l’initiatrice d’ateliers organisés mardi et mercredi dans la région toulonnaise pour sensibiliser à des remèdes compatibles avec le développement durables.
L’érosion côtière est une préoccupation nationale, souligne Loïc Gouguet, chargé de mission littoral à l’Office national des Forêts (ONF). « Une +stratégie nationale de gestion du trait de côte+ n’est pourtant en place que depuis 2011 », pointe-t-il.
Il est par exemple impossible de chiffrer avec précision les mètres carrés abandonnés chaque année à la mer.
« Une étude de 2010 sur le littoral aquitain prévoyait qu’en 2020 l’équivalent de 1.500 terrains de foot allait disparaître du fait de l’érosion dunaire », explique le chercheur.
« Mais lors de la tempête de l’hiver 2013/2014 le trait de côte a reculé au niveau de ce qui était prévu pour 2040, avec parfois la perte de 20 m de côte! », ajoute-t-il.
Loïc Gouguet précise que pour les falaises varoises, l’érosion est moindre, de l’ordre du centimètre. Mais des problèmes particuliers se posent du fait de l’urbanisation accrue de la bande côtière.
Pour sensibiliser à ces problématiques, Yvonne Battiau-Queney a choisi cette année d’emmener une cinquantaine de décideurs – agents des collectivités territoriales, élus, associations – crapahuter dans les environs de Toulon, armés de vêtements de pluie et de bottes en caoutchouc.
– Des techniques datant de Louis-Philippe –
Arrivés sur la plage de Monaco, dans la commune du Pradet (Var), chacun a découvert comment des gabions d’acacia, c’est-à-dire des empilements de rondins, pouvaient être employés pour consolider le pieds de la falaise de schiste, propice aux glissements de terrain, qui surplombe cette langue de sable de 800 mètres.
« Notre premier objectif, ici, c’est la sécurité », explique Delphine Thibault, la directrice de l’environnement au conseil général du Var, propriétaire des lieux, acquis dans le cadre de la préservation des espaces naturels sensibles.
Or « il y avait un risque d’effondrement de la falaise », poursuit-elle : et « c’est un espace naturel ouvert au public ».
Au début de l’année, la plage a donc été est sécurisée avec des filets anti-éboulement qui enserrent la falaise et préviennent les glissements.
« Des techniques que l’on utilise depuis Louis-philippe » explique, Claude Guerin, le responsable du bureau d’études Alpes-Maritimes/Var de l’ONF qui a assuré la maîtrise d’oeuvre du chantier.
Originalité: l’ONF a décidé d’expérimenter ici une intervention sur le modèle de celle que conduit habituellement sa branche montagnarde, Restauration des terrains de montagne (RTM).
Et le technicien de détailler l’intervention: canalisation des eaux de ruissellement, fixation de la paroi, végétalisation… Des remédiations relativement peu coûteuses, faciles à mettre en oeuvre et présentant une bonne intégration paysagère, explique-t-il.
Moins chères, les « méthodes douces » présentent également l’avantage d’être adaptées au milieu vivant qu’est un rivage maritime, souligne Yvonne Battiau-Queney.
Contrairement aux techniques lourdes comme les enrochements, largement utilisés dans le passé, qui ont parfois des effets délétères, notamment des glissements de terrain.