Elle fait partie de la centaine de figurants mobilisés pour un exercice grandeur nature organisé: l’évacuation fictive d’une partie de la commune de Saint-Claude, en Basse-Terre, après une éruption simulée du volcan de la Soufrière, le point culminant de la Guadeloupe.
Objectif: « tester la réactivité » des services de l’État, des opérateurs et des collectivités locales du sud de Basse-Terre, ainsi que des communes d’accueil, selon la préfecture de l’archipel français des Antilles.
« Cela fait 50 ans que ce territoire a vécu une évacuation, il était important de se remobiliser pour être sûr que les expériences passées ne soient pas totalement effacées des mémoires », explique le préfet de la Guadeloupe, Thierry Devimeux.
Les riverains volontaires et les acteurs ont été prévenus quelques jours auparavant, sans détail sur le scénario pour garantir une réaction plus réaliste. À l’intérieur du gymnase, transformé en centre d’accueil, quatre psychologues de la Croix-Rouge sont mobilisés.
« En cas de réelle éruption, il en faudra un paquet », note Pascal Labylle, directeur opérationnel de la Croix-Rouge plus habitué aux ouragans et aux simulations de crashs d’avions ou de séismes. « Il faut trouver les mots justes pour réconforter les personnes qui ont perdu des proches, leurs effets personnels », poursuit-il.
Sur des lits Picot, deux retraitées de Saint-Claude font connaissance. Marlène Pierrot, 65 ans, se souvient de l’éruption de 1976 qui avait provoqué l’évacuation de 70.000 personnes: « Il fallait partir le plus vite possible, tout laisser. On était montés dans un camion, il y avait moins de voitures ».
Aujourd’hui, elle redoute que le chaos ne s’installe. « Les gens sont disciplinés, mais en cas de catastrophe ce sera la panique totale. C’est bien de s’organiser, sinon ce sera le chaos », dit-elle.
Soudain, des cris à l’extérieur: « Je veux entrer! », hurle un homme agité, maîtrisé par un agent municipal, un secouriste et deux policiers.
Des observateurs notent les réactions. L’un d’eux confie, sous couvert d’anonymat: « Il faut sécuriser tout ça, car dans une situation réelle, ça peut durer des jours. Les gens sont affamés et certains vont venir dépouiller là où ils savent qu’ils peuvent trouver de l’eau et de la nourriture ».
Dans l’après-midi, la préfecture, qui a diffusé de faux communiqués de presse toute la journée, annonce la mise en place de déviations routières et le déclenchement d’une « alerte rouge », interdisant tout retour sur Basse-Terre « jusqu’à nouvel ordre ». Un retour d’expérience est prévu en 2026.




