Jeune homme « doué et travailleur », qui a « grandi dans une famille aimante », Meshari Al Shamarani, âgé de 24 ans à l’époque des faits, a « basculé dans l’interdit en omettant totalement de s’assurer du consentement » de sa victime, a décrit l’avocate générale Elsa Guyonvarch, devant la cour d’assises du Finistère.
Officier de la marine saoudienne et étudiant à l’ENSTA de Brest, une école d’ingénieur, l’accusé vivait en France depuis 6 ans dans le cadre d’un programme de coopération franco-saoudien.
Il va dans ce cadre « découvrir une liberté, une permissivité des moeurs qu’il ne connaissait pas », a noté la magistrate, évoquant « un choc des cultures, qui peut être un élément d’explication, pas de justification du passage à l’acte ».
Marié à l’été 2020 en Arabie saoudite, l’accusé avait également une compagne à Brest, où il organisait régulièrement des soirées alcoolisées avec ses amis dans son appartement.
C’est à l’issue d’une de ces soirées, le 21 février 2021, qu’une de ses convives, alors âgée de 22 ans, était restée dormir chez lui, faute de moyen de locomotion pour rentrer chez elle.
Au petit matin, elle avait été réveillée par le poids de l’accusé, allongé sur elle en train de la pénétrer. Une altercation s’ensuit, au terme de laquelle la jeune femme parvient à s’enfuir et à prévenir la police.
Les analyses ADN et gynécologiques confirmeront ses affirmations. Pendant des semaines, « j’étais effondrée, pleine d’angoisse, je pleurais tout le temps, je ne voulais pas sortir de chez moi », a raconté entre deux sanglots la jeune femme, toujours en état de choc quatre ans après les faits.
« Savoir qu’il n’est pas là, j’ai l’impression que c’est moi l’accusée, que c’est mon procès », a-t-elle ajouté.
L’instruction s’est terminée il y a plus de trois ans, en juin 2022.
Sous contrôle judiciaire dans l’attente de son procès, M. Al Shamrani devait pointer au commissariat de Bordeaux, ce qu’il a arrêté de faire en janvier 2025. Sans moyen de subsistance en France, il avait fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) en novembre 2023.
Un mandat d’arrêt européen a été émis à son encontre, sans succès.