Japon: premières prises de baleines à des fins commerciales depuis 31 ans

Ce retour en mer des baleiniers dans le but de tuer des cétacés pour la consommation découle de la décision prise il y a six mois par le gouvernement de quitter la Commission baleinière internationale (CBI) et de s’affranchir ainsi d’un moratoire.

Deux baleines de Minke ont été attrapées par des bateaux partis en début de journée du port de Kushiro (île septentrionale de Hokkaido) après une cérémonie au cours de laquelle plusieurs élus ont revendiqué la légitimité de cette tradition.

L’une au moins des embarcations est revenue en fin d’après-midi et sa cargaison a été déchargée sur un camion afin de l’emporter à la découpe, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« C’est une petite industrie, mais je suis fier de chasser les baleines. La pratique existe depuis plus de 400 ans dans ma cité », a expliqué à l’AFP Yoshifumi Kai, président d’une association de pêcheurs de baleines, tout excité de repartir en mer.

Idem pour Hideki Abe qui, compte tenu de son jeune âge, 23 ans, n’a encore jamais participé à une mission de ce type.

« Je suis un peu nerveux, mais heureux que nous puissions commencer. Je souhaite que davantage de personnes goûtent de la baleine, au moins une fois », a-t-il confié avant le départ.

Le navire-usine Nisshin Maru, bâtiment amiral de la flotte baleinière nippone, et plusieurs autres embarcations ont aussi quitté le port de Shimonoseki (sud-ouest), où trône une énorme statue de baleine.

« Nous estimons que les baleines sont des ressources marines comme les poissons et qu’elles sont utilisables sur la base de critères scientifiques », a expliqué à l’AFP un responsable du ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche.

« Nous déterminons des quotas de sorte à ne pas nuire aux espèces », a-t-il précisé. Le maximum d’ici décembre est fixé à 227 prises.

« C’est moins que pour les missions d’étude, pour diverses raisons, la première étant que nous avons abandonné la pêche dans l’Antarctique », a précisé lundi un autre fonctionnaire du gouvernement.

– Raison d’être culturelle –

Les baleiniers n’iront en effet pas tuer en haute mer, comme il l’ont fait ces trente dernières années « pour des raisons scientifiques ».

Le Japon avait débuté ses « missions de recherches » en Antarctique et dans le nord-est du Pacifique il y a respectivement 32 et 25 ans, renonçant alors à une pêche purement commerciale, mais utilisant une « exception scientifique », tolérée par la CBI.

Durant ces décennies, l’archipel n’a cessé d’être critiqué par les défenseurs des cétacés pour ses façons de procéder jugées cruelles, alors que des méthodes non létales existent pour mener les études voulues, selon ses détracteurs.

En outre, si les chercheurs étaient certes les premiers à se pencher sur les baleines rapportées, une partie de leur chair finissait sur les étals des poissonniers, malgré un appétit peu important pour cette chair.

Mais il y a une volonté et fierté de préserver un rite auquel tient une partie de la population, notamment des personnes âgées qui se souviennent que la baleine était leur seule source importante de protéines durant la disette d’après-guerre.

Pour certaines communes, la pêche à la baleine est une raison d’être sinon économique, du moins culturelle et morale.

– Baroud d’honneur –

« Le Japon est en train d’arrêter la chasse à la baleine en haute mer, pas encore un arrêt complet, mais c’est un énorme pas vers la fin », estime néanmoins Patrick Ramage, directeur du programme conservation marine du Fonds international pour le bien-être animal (Ifaw). Il voit dans la reprise de la chasse commerciale et l’arrêt de la pêche scientifique en Antarctique une sorte de baroud d’honneur.

Cette industrie de chasse à la baleine, qui ne compte pas plus de 250 pêcheurs, « va se noyer très rapidement », prédisait-il.

« On nous en servait à la cantine quand j’étais petite, mais je ne pense pas que j’en mangerai de nouveau. Le Japon devrait davantage faire ses choix en tenant compte du reste du monde qui dit que ce n’est pas bien », a confié à Tokyo une jeune Japonaise de 30 ans désireuse de garder l’anonymat.

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