L’impressionnante majesté des statues d’Océanie au Quai Branly

Est-ce la teinte bleu profond des murs, couleur d’Océan Pacifique, qui enveloppe l’exposition, dans un espace dépouillé et sans fenêtre où les ombres des statues se découpent ? La puissance de ces oeuvres très anciennes ou contemporaines, où tout est empli de symbole et de rituel, s’impose calmement, souverainement, sans avoir à en appeler beaucoup à la réflexion, même si elles remettent en question la validité des modes consuméristes occidentaux.

200 oeuvres sont exposées : pirogues, pagaies et proues, hameçons, boucliers, coiffes, masques, statues, tissus, tapisseries, objets rituels, mais aussi oeuvres contemporaines où des artistes se réapproprient leur culture : photos, portraits-moulages, installations, vidéos, peintures ironiques sur des pièces anciennes.

La substance de l’exposition, fruit de cinq ans de travail, « est un dialogue entre pièces contemporaines et pièces très anciennes, et c’est aussi la correspondance historique entre oeuvres provenant d’îles différentes », souligne Stéphanie Leclerc-Caffarel, responsable des Collections Océanie au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac.

Un des commissaires britanniques, Nicholas Thomas, relève que « l’Océanie est aussi une idée. Cette exposition porte sur ces communautés qui ont noué des liens par les voyages, les offrandes, les rituels ». Ces peuples partagent des préoccupations communes, sont soumis à des influences extérieures communes.

Si l’exposition a déjà été présentée l’an dernier à Londres, elle se retrouve dans un « espace antithétique » de celui de la Royal Academy of Arts, souligne Mme Leclerc-Caffarel.

Ces cultures insulaires ont dû résister et s’adapter avec le commerce, la colonisation, l’évangélisation, et maintenant le réchauffement climatique qui provoque l’élévation menaçante du niveau de la mer.

Une installation de onze mètres de haut, créée par le collectif d’artistes maoris « Kiko Moana », ouvre l’exposition. Evoquant la tradition textile du tapa (étoffe d’écorce), elle est une simple bâche bleue, allusion aux déchets plastiques omniprésents.

« Wuramon », la « pirogue des âmes », emmène des tortues, des oiseaux et des humains de Papouasie Occidentale. Un poteau de cérémonie représente l’étreinte amoureuse d’un homme et d’un esprit malveillant. Une figure hermaphrodite entend mettre ensemble la vertu combattante et protectrice de l’homme et la capacité nourricière de la femme.

-« La leçon de piano » de Jane Campion-

Les habitants du Pacifique mobilisent depuis toujours formes et matériaux pour entrer en contact, rendre hommage, pacifier les forces immenses de la nature. Si le christianisme s’emploie à la disparition des rituels, le respect dû à ces forces et aux ancêtres s’est maintenu. Le tatouage, comme le montrent les photographies du Néerlandais Marc Adams, est une marque identitaire et de protection.

Au coeur de l’exposition, un piano Steinway peint de laque industrielle rouge, couvert de motifs sculptés, et fabriqué en bois, ivoire, laiton, acier, ébène, nacre, veut faire réfléchir. Cette oeuvre de l’artiste néo-zélandais Michael Parekowhai évoque le film « La leçon de Piano » de Jane Campion et est censé montrer l’appropriation du meilleur de la culture occidentale par les Maoris.

En fin de parcours, l’artiste néo-zélandaise Lisa Reihana reproduit dans une large vidéo projetée sur un mur un papier peint du Français Jean-Gabriel Charvet, présenté au public au début du XIXe siècle, intitulé « les sauvages de la mer pacifique ». Cette vue paradisiaque sur une plage, « In pursuit of Venus (infected) », est revisitée avec un regard critique : fantasmes des voyageurs occidentaux sur la femme océanienne, allusion aux maladies infectieuses qui déciment les populations locales.

Un des chefs d’oeuvre contemporains de l’exposition est la toile monumentale « Kehe tau hauaga foou » du peintre de l’île de Niue, John Pule, qui dépeint dans des nuances laiteuses les diverses dévastations dans un monde globalisé, avec notamment des figures de l’art océanien renversées.

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