La France dément vouloir renoncer à sa souveraineté sur les îles Matthew et Hunter

Paris (France), 18 déc 2025 (AFP) – La France a démenti jeudi vouloir renoncer à sa souveraineté sur les îles Matthew et Hunter, deux territoires isolés de l’Océan Pacifique sud, situés à quelques centaines de kilomètres de la Nouvelle-Calédonie mais à forte valeur stratégique.

Bien que ces terres soient inhabitées, la souveraineté sur Matthew et Hunter permet à la Nouvelle-Calédonie, et donc à la France, d’avoir une large zone économique exclusive (ZEE).

Le Vanuatu revendique ces îles, au nom d’un lien historique et culturel ancien, affirmant que les populations du sud de son territoire ont toujours eu des liens avec elles.

« Certaines expressions récentes relatent de fausses informations selon lesquelles la France serait sur le point de remettre en cause sa souveraineté sur les îles de Matthew et Hunter », a dit à l’AFP le ministère français des Affaires étrangères, faisant référence à des propos tenus notamment par la cheffe de file du Rassemblement national (extrême droite), Marine Le Pen.

« Cette question est l’objet d’un contentieux ancien, datant de l’indépendance du Vanuatu en 1980, ce qui bloque la délimitation de la frontière maritime avec la Nouvelle-Calédonie et crée des incertitudes juridiques problématiques affectant les activités de pêche et de recherche scientifique, par exemple », reconnaît néanmoins le Quai d’Orsay.

La France et le Vanuatu ont ainsi entamé ces derniers mois des discussions pour trouver un consensus, en particulier sur les délimitations de la zone économique exclusive de chaque pays.

« Que ce soit bien clair : la souveraineté nationale ne se négocie pas, ni ne s’abandonne. Les Français n’attendent pas du pouvoir macroniste qu’il dépèce dans leur dos nos territoires d’Outre-mer, véritables leviers de puissance, d’influence et de développement économique mais qu’il se donne les moyens de les protéger et de les défendre », a lancé lundi Marine Le Pen sur X.

– Enjeux stratégiques –

Dans une question écrite au gouvernement le 11 décembre, le sénateur Les Républicains (droite), Christophe-André Frassa, a attiré de son côté l’attention du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot « sur l’avenir des îles Matthew et Hunter et sur les conséquences stratégiques, juridiques et politiques qu’impliquerait toute remise en cause de la souveraineté française sur ces territoires ».

« En vertu de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS), Matthew et Hunter constituent des points d’appui essentiels pour la délimitation de la zone économique exclusive (ZEE) de la Nouvelle-Calédonie », écrit-il, soulignant que leur perte priverait la France de près de 350.000 km³ d’espaces maritimes, « riches en ressources halieutiques et stratégiques, et réduirait d’autant son statut de puissance dans la zone Indo-Pacifique ».

« Elle affaiblirait également la position française face aux revendications territoriales croissantes dans la région et ouvrirait la voie, par précédent, à de nouvelles contestations, y compris sur d’autres territoires ultramarins », met-il en garde.

Déjà au printemps 2024, les troubles en Nouvelle-Calédonie avaient fragilisé la stratégie dans l’Indo-Pacifique de la France et semé le doute sur la réalité de l’influence que Paris entend exercer dans cette zone d’intense rivalité sino-américaine.

Une éventuelle rétrocession à Vanuatu donnerait un très mauvais signal.

Au Quai d’Orsay, on souligne que la question de la délimitation de la frontière maritime entre le Vanuatu et la France ainsi que la souveraineté française sur les îles Matthew et Hunter ont déjà été évoquées au cours d’un entretien en juillet dernier à Paris entre le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre du Vanuatu, Johnny Koanapo.

Puis Jean-Noël Barrot s’était lui-même entretenu avec M. Koanapo en octobre dernier. « Et un échange préliminaire a eu lieu les 20 et 21 novembre à Port-Vila », a également noté le Quai d’Orsay.

« Bien évidemment, aucune cession de territoires ou renonciation à notre souveraineté n’a été évoquée lors de cet échange », a souligné le ministère, précisant que « cet échange préalable a permis de présenter les points de vue des deux parties, la partie vanuataise appréciant le fait de pouvoir exposer l’importance culturelle et coutumière des îlots, auprès d’un représentant du gouvernement français ».

Les discussions se poursuivront à Paris début 2026.

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