La France veut consacrer près de 300 milliards d’euros à sa défense en sept ans

Objectif de cet « effort budgétaire inédit », selon les propos du président Emmanuel Macron : porter les dépenses de défense de la France à 2% du PIB en 2025, conformément à ce que réclame l’Otan de la part de ses membres.

« Nous allons combler les carences du passé et bâtir des armées modernes, durables, protectrices », pour permettre à la France de « tenir son rang », a assuré jeudi la ministre des Armées Florence Parly après avoir présenté la LPM en conseil des ministres.

Selon cette programmation, le budget des armées, de 34,2 milliards d’euros en 2018, va augmenter de 1,7 milliard d’euros par an jusqu’en 2022, avant des « marches » de trois milliards par an à partir de 2023. Soit au-delà du quinquennat actuel.

Cette trajectoire budgétaire ascendante contraste avec les rabotages endurés pendant plus d’une décennie par l’institution militaire, avant un redressement amorcé après les attentats de 2015.

Reste une incertitude quant à la forte hausse des moyens programmée en 2024 et 2025. Pour l’heure, 198 milliards d’euros de besoins, de 2019 à 2023, sont « couverts de manière ferme », souligne-t-on au ministère. Les montants des années suivantes devront être « confirmés » en 2021, en fonction des chiffres de la croissance.

« L’ambition de ce gouvernement est double: à la fois atteindre l’objectif de porter l’effort de défense à 2% du PIB d’ici 2025, mais aussi assurer la maîtrise des finances publiques », a fait valoir Mme Parly.

« Il y a une hausse réelle du budget de défense, mais elle est survendue. L’effort principal est repoussé après le quinquennat et dépendra de la conjoncture », déplore le député François Cornut-Gentille (LR), rapporteur spécial des crédits défense à la commission des Finances.

« Il faudra être vigilant » sur l’exécution de ces engagements, avait réagi avant lui l’ancien chef d’Etat-major des armées Pierre de Villiers.

Ce projet de LPM érige en priorités l’amélioration du quotidien du soldat et la modernisation d’équipements à bout de souffle, alors que la France est engagée tous azimuts, au Sahel (opération Barkhane), au Levant (Chammal) et sur le territoire national (Sentinelle).

– Livraisons accélérées et augmentées –

Après quelque 60.000 suppressions d’effectifs entre 2005 et 2015, le ministère des Armées ambitionne de créer quelque 6.000 postes d’ici à 2025, en particulier dans la cyberdéfense (1.500) et le renseignement (1.500).

Pour améliorer les conditions de travail des troupes, la LPM augmente nettement les crédits consacrés aux petits équipements — gilets pare-balles, treillis… –, à l’entretien du matériel et aux infrastructures , longtemps négligés.

Deuxième grand axe : la modernisation accélérée des matériels existants, nombreux à aligner plusieurs décennies de service.

L’armée de Terre va voir le renouvellement accéléré de ses véhicules blindés de taille intermédiaire (programme Scorpion). 50% des nouveaux modèles seront livrés d’ici à 2025.

La Marine obtient quatre pétroliers ravitailleurs nouvelle génération, dont deux d’ici à 2025 et 19 patrouilleurs au lieu des 17 prévus pour surveiller les zones économiques exclusives françaises outre-mer.

L’armée de l’Air va profiter du renouvellement accéléré de sa flotte quinquagénaire d’avions ravitailleurs Boeing KC-135 par 15 A330 MRTT, dont 12 auront été livrés en 2023.

Le projet de LPM met également l’accent sur les capacités de renseignement (avions légers de surveillance, drones, satellites, bateau espion…) susceptibles d’accroître l’autonomie stratégique française et européenne.

Pour préparer l’avenir, la France va lancer des études sur le successeur de son unique porte-avions, qui sera retiré du service vers 2040. Seront également financées des études sur le système de combat aérien du futur et sur le char de combat du futur, en coopération avec l’Allemagne.

Sur le plan de la dissuasion nucléaire, le renouvellement des deux composantes (navale et aérienne) sera engagé. Budget estimé pour maintenir la clé de voûte de la défense française: 37 milliards d’euros entre 2019 et 2025.

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