La lutte contre la pollution des navires marchand au coeur de réunions cruciales à Londres

Londres, 30 juin 2023 (AFP) – L’Organisation maritime internationale (OMI) tient la semaine prochaine une réunion cruciale pour décarboner le très polluant secteur de la navigation marchande, avec l’espoir de mettre en place une taxe carbone et d’ambitieux objectifs de réduction des émissions de CO2.

« Ce serait une avancée nécessaire pour l’humanité si l’OMI agissait de manière responsable et (…) adoptait une cible de zéro émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, avec des cibles intermédiaires pour 2030 et 2040 » qui soient mesurables, a commenté Nicolas Entrup, directeur de l’organisation de protection des fonds marins OceanCare dans un communiqué.

Différents groupes de pays aux objectifs opposés devront toutefois se mettre d’accord, lors de cette réunion de la Commission de protection de l’environnement marin (MEPC) de l’OMI, à Londres de lundi à vendredi.

Les pays vulnérables au changement climatique et à la montée des eaux, comme les îles-États du Pacifique, veulent des avancées rapides.

« La crise climatique est une menace existentielle pour les îles-États du Pacifique », argumente Michael Prehn, délégué à l’OMI pour les îles Salomon, interrogé par l’AFP.

A l’inverse, les géants exportateurs comme le Brésil ou la Chine s’opposent notamment à l’idée d’une taxe sur la navigation marchande, selon des transcriptions des débats lors de discussions techniques préalables cette semaine, obtenus par l’AFP d’une source assistant aux discussions.

Le transport maritime est responsable de 3% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, soit à peu près autant que l’aérien.

L’OMI a donné en 2018 aux transporteurs l’objectif de réduire leurs émissions de CO2 de 50% en 2050 par rapport à 2008. Une cible considérée comme insuffisante alors que de nombreux secteurs, à commencer par l’aérien, visent le zéro émission nette à la même échéance.

Quelque 45 pays, dont les 27 pays de l’Union européenne, les États-Unis ou le Royaume-Uni, mais aussi les Fiji, les îles Marshall ou la Norvège, sont en faveur d’un objectif de neutralité carbone pour le secteur à horizon 2050, d’après la source assistant aux discussions préliminaires.

– Profits record –

L’Union européenne proposera l’objectif de zéro émission nette en 2050 avec deux objectifs intermédiaires: réduction de 29% en 2030 et 83% en 2040.

Certains pays comme l’Argentine ou l’Arabie saoudite freinent toujours mais d’autres comme les Émirats arabes unis ont fait volte-face et se sont ralliés à l’idée de neutralité carbone en 2050.

Des pays comme les États-Unis, le Canada, les îles Marshall ou Salomon, veulent aller plus loin: -96% d’ici 2040. Les ONG écologistes, de leur côté demandent -50% d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2040.

Interrogé par l’AFP, Tristan Smith, professeur à l’université londonienne UCL, souligne que le secteur du transport maritime a les moyens de financer cette transition, après des profits record, dopés par la reprise mondiale post-pandémie.

La très grande majorité des 100.000 navires de fret, qui transportent 90% des marchandises dans le monde, sont propulsés par du fioul lourd.

Les entreprises du transport maritime sont loin d’être toutes sur la même longueur d’onde, mais le géant danois Maersk est en faveur d’une taxe carbone sur le secteur et s’est fixé un objectif de neutralité carbone dès 2040.

La mise en place d’une taxe carbone sectorielle, à laquelle le président français Emmanuel Macron a apporté son soutien il y a quelques jours lors d’un sommet à Paris, sera en effet l’autre bataille de la semaine prochaine à l’OMI.

Les îles Marshall et les îles Salomon, qui militent pour cette taxe depuis dix ans, proposent un tarif à 100 dollars la tonne de carbone, soit 300 à 400 dollars la tonne de fioul lourd.

Cela pourrait générer entre 60 et 80 milliards de dollars (55 à 74 milliards d’euros) de recettes par an selon la Banque Mondiale, destinés aux pays émergents pour financer leur transition et leur adaptation au changement climatique.

D’après la source qui suit les discussions à l’OMI, malgré un large soutien pour une taxe carbone, un groupe de pays mené par la Chine et comprenant aussi notamment Brésil, Argentine, Pérou, Afrique du sud, Australie, s’y oppose.

Le Brésil a notamment fait valoir qu’une taxe carbone pourrait nuire à la sécurité alimentaire ou pénaliser les pays en développement.

La Chine, de son côté, indique dans sa position écrite que « les pays ne doivent pas transférer la responsabilité de la réduction de leurs émissions nationales à l’industrie du fret internationale ».

Les Infos Mer de M&O

La station Amundsen-Scott

La station américaine Amundsen-Scott est l’habitation terrestre la plus au sud de notre planète, et non, nous n’y vivons pas la tête en...

La Fondation Jacques Rougerie missionnée pour construire le premier musée de Tuvalu

À l’occasion de la COP30, un projet inédit et hautement symbolique a été dévoilé au Climate Mobility Pavilion : la création d’un Musée pour Tuvalu, conçu pour préserver la mémoire, l’identité et le patrimoine d’un pays menacé par la montée des eaux. Au cœur de cette initiative mondiale : la Fondation Jacques Rougerie – Académie des Beaux-Arts, reconnue pour son expertise unique en architecture biomimétique et océanique.

15 novembre 1634 : premier règlement de discipline de la Marine par le cardinal de Richelieu

Dès que la capitulation de la Rochelle, en 1628, eut délivré le cardinal de Richelieu de son principal souci, il résolut de créer...

Carine Tramier, Présidente du Corimer : « Innover, c’est s’adapter et transformer la contrainte en opportunité ! » Les Grands fonds marins – 1

Où en sommes-nous ? L'innovation, pour l'industrie navale et maritime, est un moteur de l'innovation. Pour les grands fonds, l'acquisition des connaissances sur les...

Francis Vallat, membre de l’Académie de Marine : « avec l’intelligence artificielle, on danse sur un volcan ».

Cette tribune paraît simultanément à la Une du magazine Marine & Océans et d’Opinion Internationale. ---- Engagé dans le monde maritime depuis plus de cinquante ans, dont...

CMA CGM valide la construction en Inde de 6 porte-conteneurs de 1 700 EVP dual-fuel au GNL

CMA CGM devient la première grande compagnie maritime internationale de transport par conteneurs à conclure un accord pour six nouveaux navires propulsés au...

Plus de lecture

M&O 288 - Septembre 2025

Colloque Souveraine Tech du 12 sept 2025

Alors qu'il était Premier Consul, Napoléon Bonaparte déclara le 4 mai 1802 au Conseil d'État, "L’armée, c’est la nation". Comment ce propos résonne t-il à un moment de notre histoire où nous semblons comprendre à nouveau combien la nation constitue et représente un bien à défendre intelligemment ? Par ailleurs, si la technologie est le discours moral sur le recours aux outils et moyens, au service de qui ou de quoi devons-nous aujourd'hui les placer à cette fin, en de tels temps incertains ? Cette journée face à la mer sous le regard de Vauban sera divisée en tables rondes et allocutions toniques.

ACTUALITÉS

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.