La recherche polaire française tire la sonnette d’alarme sur ses moyens

Paris, 30 juin 2021 (AFP) – L’ambassadeur pour les pôles Olivier Poivre d’Arvor et des responsables de la recherche française en Antarctique et en Arctique, ont déploré mercredi auprès des députés la faiblesse de leurs moyens au regard des enjeux environnementaux et scientifiques.

La France, qui vient d’accueillir la réunion annuelle du Traité sur l’Antarctique, « n’est absolument plus dans la cour des grands en termes de vision polaire », a regretté Olivier Poivre d’Arvor, devant la Commission des affaires culturelles et de l’Éducation de l’Assemblée nationale.

« Il y a un décrochage considérable. J’ai été surpris de voir à quel point nos moyens étaient très faibles comparés aux enjeux stratégiques », a poursuivi le diplomate et écrivain, nommé ambassadeur des pôles fin 2020, à la suite du débarquement de Ségolène Royal.

Il remettra à l’automne au Premier ministre un projet de « stratégie polaire nationale », dans laquelle il demandera des moyens. Lors de la réunion sur l’Antarctique, Jean Castex a promis des financements, sans fixer d’enveloppe.

Il faudrait « a minima doubler » le budget annuel, d’actuellement environ 30 millions d’euros, dédié à ces régions froides, selon l’ambassadeur. Et investir dans un brise-glace, la France étant « le seul pays du G7 doté d’une politique polaire » à ne pas en posséder.

Il a pointé du doigt la faiblesse des crédits de l’Institut polaire Paul-Émile Victor (Ipev), qui met en oeuvre la recherche dans les pôles, et qui est aujourd’hui « en souffrance ».

Dans une interview au Monde mardi, le directeur de l’Ipev Jérôme Chapellaz avait déploré une « hémorragie » d’emplois au sein de l’agence publique, et fait état de mauvaises conditions de travail des chercheurs en Antarctique.

Pour l’instant, la France arrive à tenir ses « engagements internationaux en termes de surveillance de la biodiversité », a ajouté Catherine Ritz, vice-présidente du Centre national français de recherches arctiques et antarctiques. « Mais pour le futur, on est inquiets, on a deux fois moins de ressources qu’un chercheur allemand, et on se demande comment on va pouvoir continuer à tenir ce rang », a dit la chercheuse.

L' »excellence » des 500 chercheurs et ingénieurs français qui travaillent au pôle Nord et au pôle Sud est internationalement reconnue, a ajouté Jérôme Fort, chargé de mission pour les pôles à l’Institut écologie et environnement.

C’est dans les terres australes antarctiques françaises qu’ont notamment été posées les premières balises Argos de suivi des animaux (albatros, manchots). Le système est aujourd’hui utilisé dans le monde entier, a rappelé Ivon Le Maho, président du conseil d’administration de l’Ipev.

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