Une peine de 5.000 euros d’amende a également été requise contre Bruno Jacquelin, l’attaché de presse de Brigitte Bardot, qui est poursuivi pour complicité d’injures publiques. A la demande de son employeuse, il avait transmis le courrier litigieux à plusieurs médias, dont l’AFP. Ni Brigitte Bardot ni M. Jacquelin n’étaient présents à l’audience.
Créatrice d’une fondation portant son nom et oeuvrant à la protection des animaux, l’ex-actrice, 85 ans, avait adressé en mars 2019 une lettre ouverte à Amaury de Saint-Quentin, alors préfet de La Réunion.
Se disant « envahie par des lettres (…) dénonçant la barbarie que les Réunionnais exercent sur les animaux », Brigitte Bardot avait affirmé que « les autochtones ont gardé leurs gènes de sauvages ».
Elle avait aussi comparé La Réunion à « l’île du diable » avec « une population dégénérée encore imprégnée (…) des traditions barbares qui sont leurs souches ».
Ces invectives avaient provoqué une grande indignation dans l’île. Annick Girardin, à l’époque ministre des Outre-mer, avait adressé une lettre ouverte à l’ex-actrice. « Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit » avait-elle rappelé.
Le député Jean-Hugues Ratenon (LFI), la Licra, le Mrap et SOS Racisme, la ligue des droits de l’homme et des associations et groupements religieux hindous avaient ensuite porté plainte contre l’ancienne actrice.
Brigitte Bardot avait présenté des excuses aux Réunionnais en justifiant sa colère par ce qu’elle estime être le « sort tragique » des animaux dans l’île.
« Quand on est intelligent, on réfléchit à ce qu’on écrit, là c’est de la bêtise (…). Elle parle de réminiscences de cannibalisme, là ce sont des réminiscences de pensée colonialiste » s’est exclamé à l’audience maître Axel Vardin, avocats de Jean-Hugues Ratenon et des associations hindoues. « On est en 2021, ça suffit » a-t-il ajouté.
« Une injure raciale est quelque chose d’inadmissible, quel que soit son contexte, d’autant plus venant de quelqu’un qui utilise sa notoriété pour faire passer une cause » a estimé la procureure Bérengère Prudhomme.
« Les paroles de madame Bardot sont injurieuses, blessantes » a poursuivi la magistrate.
La défense des animaux, « c’est la vie de Brigitte Bardot ». La détresse animale « est une réalité à La Réunion », a répliqué maître Catherine Moissonnier, avocate de l’ancienne actrice et de son attaché de presse.
Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 4 novembre prochain.