La sécheresse menace les récoltes et fait flamber le prix des céréales

A cette époque de l’année, la météo est toujours l’élément déterminant sur les marchés agricoles mais depuis plusieurs semaines la sécheresse qui frappe deux grandes régions céréalières donne de vraies sueurs froides aux agriculteurs et investisseurs.

« Aux Etats-Unis, les dix derniers jours ont été réellement catastrophiques » poussant le maïs au-dessus de 6,70 dollars le boisseau à Chicago et de 210 euros la tonne à Paris, explique Clément Gautier, analyste pour la société Horizon.

Très fortes chaleurs et faibles précipitations handicapent en effet actuellement le développement des plantations du premier producteur de maïs au monde alors que les cultures sont entrées en phase de floraison, une étape cruciale de leur développement.

Les répercussions se font déjà fortement sentir puisque chaque semaine le département américain de l’Agriculture (USDA) révise à la baisse le pourcentage de plants jugés bons ou excellents. Au 1er juillet, ils atteignent seulement 48% du total contre 69% l’an dernier à la même période.

« Les niveaux atteints actuellement aux Etats-Unis sont les plus mauvais depuis 1988, année d’une terrible sécheresse qui avait décimé les récoltes », constate Gautier Le Molgat, de la société Agritel.

Au vu des rapports de l’USDA sur l’état des cultures, il est clair que les prévisions de rendements sont trop optimistes, estiment de leurs côtés les analystes de Commerzbank.

Même l’augmentation des surfaces, qui ont atteint cette année des niveaux records depuis 1937, ne permettra pas de compenser cette baisse des rendements, estime Damien Courvalin, analyste matières premières chez Goldman Sachs.

les difficultés s’accumulent

Ce contexte a fini d’enflammer une situation déjà tendue sur les marchés agricoles à cause de craintes déjà grandes concernant le blé et le soja. « Il y a deux ans, quand les incendies en Russie poussaient les prix du blé à la hausse, une situation stable pour le maïs avait permis de garder un minimum de calme sur les marchés. Mais, cette année tous les problèmes s’accumulent étant donné que même le soja connaît des difficultés », ajoute M. Gautier.

Ainsi, l’International Grain Council estime que les perspectives de récolte en blé sont en recul de 30 millions de tonnes par rapport à l’an passé, à 665 millions de tonnes, alors que la consommation est estimée encore en hausse en raison des besoins d’une population mondiale qui progresse et qui mange de plus en plus de viande.

En effet, le pourtour de la Mer Noire souffre aussi de la sécheresse. En Russie, neuf régions connaissent actuellement un temps chaud et sec et les prévisions de récolte sont déjà estimées bien inférieures à celle de l’an dernier (à 46-49 millions de tonnes contre plus de 56 Mt) et l’Ukraine connaît les même déboires.

Les prix du blé ont donc touché un plus haut depuis 10 mois à plus de 230 euros la tonne sur les marchés européens et à plus 7,70 dollars le boisseau aux Etats-Unis.

Les niveaux, qui restent encore loin en 2008, année des émeutes de la faim, atteignent déjà ceux de 2010. Et l’envol pourrait se poursuivre si la Russie décide d’imposer un embargo, idée qu’elle a toutefois rejeté jusqu’ici.

Malgré tout, la plupart des experts tablent sur une poursuite de la hausse et cette situation explosive a eu pour effet très concret de faire revenir les fonds spéculatifs, comme le prouvent l’explosion du nombre de transactions sur les marchés actuellement.

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