Le président américain élu Donald Trump, qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier, a suscité l’indignation des Panaméens en menaçant récemment de reprendre la voie interocéanique de 80 km de long si le prix des péages pour les navires américains n’était pas réduit.
Le canal de Panama, construit par les États-Unis et inauguré en 1914, est passé sous contrôle panaméen le 31 décembre 1999, en vertu de traités signés en 1977 par le président américain de l’époque, Jimmy Carter, et le dirigeant nationaliste panaméen, Omar Torrijos.
Le 25ème anniversaire de cette rétrocession sera célébré lors d’une cérémonie présidée par le président panaméen José Raul Mulino et l’administrateur du canal Ricaurte Vasquez.
Une marche est également prévue pour rendre hommage à la vingtaine de Panaméens tués en 1964 après que des étudiants eurent tenté de hisser un drapeau panaméen dans ce qui était alors la « zone du canal », une enclave américaine.
« Rien n’unit autant les Panaméens que la défense du canal. Mais avoir une relation tendue avec la superpuissance (les Etats-Unis, ndlr), principal partenaire commercial et principal utilisateur du canal, est une situation très désavantageuse pour un pays comme le Panama », a déclaré à l’AFP la politologue Sabrina Bacal.
– 5% du commerce maritime mondial –
Pour Francisco Cedeño, un graphiste de 51 ans, « les intimidations de Trump n’ont ni queue ni tête ». « Il ferait mieux d’essayer de résoudre les nombreux problèmes de son pays et d’oublier le canal », a-t-il dit à l’AFP.
La voie d’eau interocéanique, par laquelle transite 5% du commerce maritime mondial, représente 6% du PIB du Panama et 20% de ses recettes fiscales.
Cependant, de nombreux Panaméens n’ont pas l’impression d’en tirer profit. « En tant que Panaméens, nous ne devrions pas être aussi pauvres que nous le sommes parce que le canal rapporte beaucoup d’argent », estime Clotilde Sanchez, 55 ans, employée de nettoyage dans un immeuble au design futuriste dans le quartier financier de la capitale.
Pour Mme Bacal, ce sentiment « existe depuis des années, mais la réalité est que le canal est la principale source de richesse des Panaméens ».
« Le canal appartient aux Panaméens », a martelé le président Mulino en réfutant toute « ingérence » chinoise et toute discussion possible avec les Etats-Unis sur d’éventuelles modifications, en réponse aux déclarations de M. Trump.
A l’annonce du décès de Jimmy Carter dimanche, le président panaméen a souligné le rôle joué par l’ancien président américain dans la négociation des traités signés sous sa présidence, en 1977, qui ont ouvert la voie au transfert du canal de Panama, effectif fin 1999.