Le chalutier russe « libéré » en 2014 par Dakar coule au large des Canaries

L’équipage de 72 personnes avait été évacué samedi après un incendie à bord. Le navire se trouvait alors au port de Las Palmas, sur l’île de Grande Canarie.

Face au risque de propagation de l’incendie, les autorités espagnoles avaient décidé de le remorquer vers la haute mer.

Le Oleg Neydenov, de quelque 120 mètres de long, « a coulé à 15 miles (environ 24 km) au sud de Maspalomas », ont précisé les secours en mer espagnols.

Le ministère des Transports et de l’équipement a annoncé dans l’après-midi avoir détecté « une fuite de carburant dérivant vers le sud-ouest » et s’éloignant de la côte.

« Un programme de surveillance a été mis en place (…) et des moyens visant à lutter contre la pollution y compris des barrières, et des skimmers » ont été déployés.

Selon l’organisation écologiste Greenpeace, le navire, qui a coulé face aux côtes marocaines, dispose d’une cuve de « quelque 1.400 tonnes de combustible et non de (pétrole) brut ».

Tout en écartant le spectre de la marée noire du Prestige, pétrolier qui avait craché en novembre 2002 au large des côtes espagnoles et françaises 63.000 tonnes d’un fuel épais et visqueux qui avait souillé le littoral, Greenpeace s’inquiète toutefois d’une possible fuite de combustible, même petite, et qualifie le navire russe de « bateau pirate ».

Mais la gestion de cet incident par les autorités a par ailleurs été critiquée par les organisations écologistes et les riverains.

Le chalutier est à « 2.400 mètres de profondeur dans une zone aux courants marins profonds, très différents des courants de surface. Dans le cas où la cuve (de carburant) laisserait s’échapper le carburant, celui-ci pourrait se répandre jusqu’aux îles les plus occidentales de l’archipel des Canaries », craint Greenpeace.

L’ONG a notamment critiqué le « périple erratique » du navire, dans des zones ayant une « haute valeur écologique ».

Il a finalement été coulé dans une « réserve naturelle spéciale » où transitent des cétacées et des tortues marines, selon l’ONG.

L’Oleg Neydanov avait provoqué un différend entre Dakar et Moscou après son arraisonnement le 4 janvier 2014 par le Sénégal pour pêche illégale, aux confins de la frontière avec la Guinée Bissau.

Après l’avoir maintenu près de trois semaines sous séquestre à Dakar, le Sénégal avait obtenu le paiement de 600 millions de FCFA (914.000 euros) par son armateur, une société de Mourmansk (nord-ouest de la Russie).

Côté russe, on avait évoqué le paiement d’une « caution », alors que les Sénégalais parlaient d' »amende ».

Lors de la « libération » du navire, le ministre sénégalais de la Pêche, l’écologiste Haïdar El-Ali, avait affirmé que l’affaire illustrait « la volonté ferme du gouvernement sénégalais de faire respecter son droit dans son espace maritime ».

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