L’administration pénitentiaire de la région russe où est emprisonné Oleg Sentsov a toutefois affirmé mardi dans un communiqué que son état de santé « ne s’est pas détérioré » et qu’il ne se trouvait pas en réanimation.
« Abandonner une grève de la faim est un processus assez compliqué. Personne ne peut dire à l’heure actuelle qu’Oleg va s’en sortir. La situation est très, très grave », a assuré Natalia Kaplan.
La santé de M. Sentsov, 42 ans, a été « gravement éprouvée » par sa grève, a souligné Mme Kaplan. « Presque tous ses organes ont été gravement atteints », a-t-elle poursuivi, évoquant des problèmes de foie, de coeur et de cerveau.
« Ses dernières lettres sont assez pessimistes », a-t-elle encore déclaré, précisant que le cinéaste « a écrit un testament et y demande de ne pas abandonner ses enfants ».
Oleg Sentsov, originaire de la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par la Russie en 2014, est emprisonné dans la colonie pénitentiaire russe de Labytnangui, au-delà du cercle polaire arctique.
Arrêté chez lui en mai 2014, ce père de deux enfants a été condamné en août 2015 à 20 ans de prison pour « terrorisme » et « trafic d’armes » à l’issue d’un procès qualifié de « stalinien » par l’ONG Amnesty International.
Il avait débuté une grève de la faim pour obtenir la libération de tous les « prisonniers politiques » ukrainiens détenus en Russie, avant d’y mettre fin début octobre afin d’éviter selon lui d’être nourri de force.
Qualifié de « kamikaze ukrainien » par son avocat, qui le disait « prêt à mourir », le réalisateur avait toutefois consenti cet été à prendre des compléments alimentaires destinés habituellement aux malades incapables de se nourrir. Les pays du G7 ainsi que de nombreuses personnalités du monde culturel ont appelé à la libération d’Oleg Sentsov.
La Russie et l’Ukraine sont à couteaux tirés depuis l’arrivée au pouvoir en 2014 de pro-occidentaux à Kiev, suivie de l’annexion de la Crimée et d’un conflit armé avec les séparatistes prorusses en Ukraine, qui a fait plus de 10.000 morts.