Sur le marché européen, les cours du blé tendre, la céréale du pain, tournaient autour de 230 euros la tonne à brève échéance mercredi vers 14H30 GMT, un niveau comparable aux jours précédant la rupture de l’accord céréalier, il y a un mois.
Moscou a mis fin à cet accord qui permettait aux céréales ukrainiennes, depuis l’été 2022, de quitter les ports du sud du pays malgré le blocus mis en place par la Russie.
Depuis l’expiration de l’accord, le nombre des attaques en mer Noire a augmenté de part et d’autre et l’armée russe a frappé à plusieurs reprises Odessa, mais aussi les ports fluviaux d’Izmaïl et Reni.
Importante source de revenus pour Kiev, les céréales empruntent d’autres voies pour sortir du pays : fleuves, rail et route, mais les volumes ainsi acheminés sont moindres.
« Le feu couve » sur les marchés en raison des tensions en mer Noire, observe Gautier Le Molgat, du cabinet Agritel. Toutefois, « les opérateurs sont un peu habitués à ce conflit » et attendent de voir s’il y a « véritablement des dégâts [sur les infrastructures et les silos] ou une confirmation du ralentissement de l’activité » à l’export.
Le marché a aussi intégré que l’Ukraine avait « beaucoup moins de volumes disponibles pour l’export que l’année dernière », du fait d’une production amputée d’un tiers avec la guerre, ajoute M. Le Molgat.
– Chine « pas au rendez-vous » –
Les investisseurs réagissent davantage à l’état des cultures de maïs et soja aux Etats-Unis, pour lesquelles les nouvelles sont encourageantes.
Un rapport du ministère américain de l’Agriculture (USDA) paru lundi soir montre que le maïs est à 59% bon à excellent, en hausse de deux points par rapport à la semaine précédente et par rapport à l’an passé à la même époque.
Les cultures de soja sont aussi notées bonnes à excellentes à 59%, soit cinq points de plus que la semaine dernière et un point au-dessus de la même époque en 2022.
La récolte de blé d’hiver est quasiment terminée celle de blé de printemps est bien entamée (un quart des surfaces moissonnées).
En France, selon des prévisions officielles, la récolte de blé tendre pourrait atteindre 35,6 millions de tonnes (+5,6% sur un an et +3,5% par rapport à la moyenne des cinq dernières années). Des inquiétudes portent sur la qualité, les précipitations ayant retardé la moisson et dégradé le potentiel des grains dans certaines régions.
Dans le même temps, la Chine n’est « pas au rendez-vous » à l’achat, ce qui « trouble un petit peu les cartes » et pèse sur les cours, relève M. Le Molgat.
La percée en tête des primaires de la présidentielle d’octobre en Argentine de l’ultralibéral Javier Milei « ajoute une note négative », tirant les prix vers le bas, a déclaré à l’AFP Mike Zuzolo, chez Global Commodity Analysis and Consulting.
L’économiste « a affirmé qu’il allait réduire les taxes sur les produits à l’exportation », ce qui est de nature, si cela était mis en oeuvre, à « renforcer la compétitivité des produits agricoles argentins sur le marché mondial ».
Les cours, orientés à la baisse mardi à la clôture à Chicago, « prennent en compte un affaiblissement de la demande pour les produits agricoles américains », résume M. Zuzolo.
La forte chaleur, attendue la semaine prochaine dans le centre des Etats-Unis, pourrait infléchir la tendance, selon lui.
Toutefois les cultures américaines sont assez avancées et à ce stade « la météo n’est plus un facteur vraiment déterminant » d’évolution des cours, pondère Dewey Strickler, chez Ag Watch Market Advisor.