Le paquebot Concordia conclut à Gênes son ultime voyage

La carcasse du navire, grande comme deux fois le Titanic, redressée et renflouée à grands frais ces derniers mois, a lentement pénétré en fin de matinée dans l’enceinte du terminal Europe de Voltri, en banlieue de Gênes (nord-ouest), tirée par plusieurs remorqueurs, a constaté l’AFP.

Au soulagement général, le Concordia a accompli sans accroc son dernier voyage, tiré pendant quatre jours par deux puissants remorqueurs de haute mer sur un parcours de quelque 280 km le long des côtes italiennes.

« Tout s’est bien passé », a déclaré aux journalistes le ministre italien de l’Environnement Gian Luca Galletti.

« Aujourd’hui n’est pas une journée de fête », a-t-il toutefois ajouté en évoquant le souvenir des victimes et le « drame » vécu par l’île du Giglio. « Mais ceci nous enseigne qu’il est possible de réaliser des opérations de grande valeur en terme d’économie et d’emploi dans le respect total de l’environnement », a-t-il souligné.

La France en particulier avait craint un temps que l’épave ne pollue les côtes corses lors de son passage à proximité, bien que le Concordia ait été escorté d’une flottille d’embarcations chargées de collecter d’éventuels débris flottants, de contrôler la qualité des eaux et de prévenir les cétacés, nombreux dans ces eaux en cette période de l’année.

– « Ségolène Royal doit faire confiance aux Italiens » –

« A (la ministre française de l’environnement) Ségolène Royal, je dis qu’elle doit faire plus confiance aux Italiens. Car nous lui avions dit que tout se passerait bien et tout s’est bien passé », a souligné le ministre Galletti.

Arrivé dans la nuit devant le port de Gênes, sur la côte ligure, le bateau avait commencé vers 03H00 GMT les opérations préliminaires à son entrée et son amarrage dans l’enceinte du port.

Une nouvelle manoeuvre « de mise en sécurité », destinée à parquer définitivement le bateau dans le port, devrait s’ensuivre dans l’après-midi. « Vers 14H00 (12H00 GMT), l’épave du Costa Concordia sera amarré en sécurité », a déclaré le chef de la Protection civile italienne, Franco Gabrielli.

L’intérêt pour la manoeuvre a provoqué de forts ralentissements du trafic sur la portion d’autoroute A10 qui surplombe le port. Les plus curieux se sont garés au bord de la voie rapide pour mieux voir malgré l’interdiction.

Le Concordia avait quitté mercredi l’île toscane du Giglio, où il se trouvait depuis l’accident, survenu dans la nuit du 13 janvier 2012 alors que 4.200 personnes se trouvaient à son bord.

Construit en 2006 dans le chantier naval gênois de Sestri Ponente, celui qui fut le plus grand bâtiment de l’histoire de la marine italienne est donc de retour dans sa patrie au terme d’une incroyable odyssée.

Menée par l’armateur Costa et effectuée par le consortium américano-italien Titan-Micoperi, la gigantesque opération de sauvetage a vu successivement le redressement du paquebot, son renflouement, sa stabilisation, puis son trajet jusqu’à Gênes, le tout pour une facture de quelque 1,5 milliard d’euros.

L’image de l’énorme navire, resté des mois échoué sur les rochers à quelques dizaines de mètres de la côte, penché à tribord et à moitié immergé, avait fait le tour du monde. Le naufrage avait embarrassé l’Italie en raison du comportement jugé peu glorieux de son capitaine Francesco Schettino. Le marin est actuellement jugé pour homicides par imprudence, naufrage et abandon de navire.

« L’opération n’a pas été facile (…). Elle a été faite par une Italie qui quand elle s’y met est capable de faire vraiment de tout et de nous étonner en bien », a commenté le président du conseil italien Matteo Renzi, attendu à Gênes en début d’après-midi pour dire adieu au mastodonte.

– Nouvelle vie recyclée –

Une nouvelle vie attend à présent le Concordia, monstre de 114.500 tonnes. Entre 40.000 et 50.000 tonnes d’acier sont considérées comme réutilisables et devraient être cédées à des groupes sidérurgiques pour être refondues en de nouveaux matériaux qui pourront être utilisés par exemple dans le secteur de la construction.

Pourront aussi être récupérés d’autres types de pièces comme les câbles électriques en cuivre, les machines, certains meubles ou encore les parois vitrées. D’autres pièces « significatives » pourraient faire leur entrée au musée de la Mer de Gênes.

Pour la ville de Gênes, patrie de Christophe Colomb et ancienne hyperpuissance maritime, l’arrivée du bateau est une aubaine, qui fournira du travail à des centaines de personnes pendant près de deux ans.

Les Infos Mer de M&O

15 novembre 1634 : premier règlement de discipline de la Marine par le cardinal de Richelieu

Dès que la capitulation de la Rochelle, en 1628, eut délivré le cardinal de Richelieu de son principal souci, il résolut de créer...

Carine Tramier, Présidente du Corimer : « Innover, c’est s’adapter et transformer la contrainte en opportunité ! » Les Grands fonds marins – 1

Où en sommes-nous ? L'innovation, pour l'industrie navale et maritime, est un moteur de l'innovation. Pour les grands fonds, l'acquisition des connaissances sur les...

Francis Vallat, membre de l’Académie de Marine : « avec l’intelligence artificielle, on danse sur un volcan ».

Cette tribune paraît simultanément à la Une du magazine Marine & Océans et d’Opinion Internationale. ---- Engagé dans le monde maritime depuis plus de cinquante ans, dont...

CMA CGM valide la construction en Inde de 6 porte-conteneurs de 1 700 EVP dual-fuel au GNL

CMA CGM devient la première grande compagnie maritime internationale de transport par conteneurs à conclure un accord pour six nouveaux navires propulsés au...

Nodens : du vent dans les voiles, du whisky en cale (entretien avec Tristan Botcazou)

La devise de Nodens pourrait être "Fluctuat Nec Mergitur". A peine lancée, cette nouvelle entreprise bretonne de whisky transporté à la voile fait...

« Les ports ne peuvent plus subir la transition énergétique, ils doivent la piloter »

Par Loïc Espagnet - Président de SeaBridges Dans un secteur portuaire en pleine mutation, SeaBridges se pose comme un nouvel acteur animé par une ambition...

Plus de lecture

M&O 288 - Septembre 2025

Colloque Souveraine Tech du 12 sept 2025

Alors qu'il était Premier Consul, Napoléon Bonaparte déclara le 4 mai 1802 au Conseil d'État, "L’armée, c’est la nation". Comment ce propos résonne t-il à un moment de notre histoire où nous semblons comprendre à nouveau combien la nation constitue et représente un bien à défendre intelligemment ? Par ailleurs, si la technologie est le discours moral sur le recours aux outils et moyens, au service de qui ou de quoi devons-nous aujourd'hui les placer à cette fin, en de tels temps incertains ? Cette journée face à la mer sous le regard de Vauban sera divisée en tables rondes et allocutions toniques.

ACTUALITÉS

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.