Le tribunal administratif saisi sur la qualité des eaux de baignade en Bretagne

Rennes, 6 juin 2023 (AFP) – La qualité des eaux de baignades en Bretagne, déterminée chaque année par l’Agence régionale de santé (ARS), est-elle fiable? Telle est la question examinée mardi par le tribunal administratif de Rennes, saisi par l’association Eau et Rivières de Bretagne (ERB).

L’association est partie d’un constat: depuis 2016, des plages sont fermées préventivement en Bretagne à l’annonce d’épisodes pluvieux car les eaux risquent d’être polluées dans ce cas et donc présenter des risques pour les baigneurs.

Or, malgré la multiplication de ces fermetures préventives, « le classement des plages concernées s’améliore d’année en année. Comment le classement peut-il s’améliorer alors que les pollutions ne diminuent visiblement pas ? », s’est interrogée ERB.

Epaulée par deux autres associations qui ont mené l’enquête avec elle sur des pollutions récurrentes dans le secteur de l’Iroise (Finistère nord), Eau et Rivières a fini par découvrir ce qu’elle considère comme l’explication à cette apparente contradiction, a-t-elle fait valoir devant le tribunal: « l’ARS prend prétexte que la baignade était interdite à titre préventif pour écarter du calcul les prélèvements pollués ».

« Cette politique de +gestion active+ permet de faire disparaître du classement une grande partie des pollutions. En 2019, par exemple, sur les côtes bretonnes, sur 86 pollutions majeures, 82 ont été retirées » du calcul du classement, a fait observer, preuves à l’appui, l’association devant les juges.

De son côté, le rapporteur public, dont les conclusions sont généralement suivies par le tribunal administratif, a proposé « d’annuler le refus de l’ARS de recalculer » ses analyses en « réintégrant les éléments sortis à tort ». Car, a-t-il fait valoir, « les épisodes pluvieux ne peuvent être qualifiés de +pollution à court terme+ ».

« L’ARS ne peut ni éliminer les résultats des prélèvements réalisés pendant ceux-ci (les phénomènes pluvieux, ndlr) ni prendre en compte les prélèvements (…) qui ne sont pas déterminés de manière aléatoire », a estimé le rapporteur Dominique Rémy.

L’ARS, qui a déposé des conclusions écrites, n’était pas représentée à l’audience.

Pour ERB, cette « erreur » ou « manipulation » par l’ARS concerne « toute la Bretagne » et sans doute d’autres côtes françaises.

Le tribunal rendra sa décision d’ici un mois.

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