Les mastodontes ont disparu de l’Arctique avant l’arrivée des premiers humains (étude)

Jusqu’alors les scientifiques pensaient que les mastodontes avaient coexisté dans l’Arctique, il y a 13.000 ou 14.000 ans, avec les premiers occupants venus d’Asie via le pont de terre aujourd’hui recouvert par les eaux de la mer de Béring.

Mais deux nouvelles datations plus précises au radio carbone, effectuées sur 36 fossiles de dents et d’ossements de mastodontes mis au jour en Alaska et dans le Yukon, montrent qu’ils sont pour la plupart 50.000 ans plus anciens qu’estimé jusqu’alors.

Une fois prises en compte les préférences d’habitat de ces animaux ainsi que d’autres données écologiques et géologiques, les résultats de cette étude indiquent que les mastodontes ont probablement vécu dans les régions arctiques et subarctiques pendant une période limitée, il y a environ 125.000 ans, quand le climat y était beaucoup plus chaud, permettant l’existence de forêts et de prairies. Ces pachydermes étaient herbivores.

« Le séjour des mastodontes dans le Nord n’a pas duré longtemps avec le retour du froid combiné à l’avancée des glaciers continentaux il y a environ 75.000 ans », explique Grant Zazula, un paléontologue travaillant pour le Programme de paléontologie du Yukon, principal auteur de cette recherche publiée dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS).

« Les mastodontes ont ainsi vite disparu de la Béringie et leurs populations ont émigré beaucoup plus au Sud où elles ont subi une extinction totale il y a 10.000 ans », précise-t-il.

« Nous ne disons pas que les humains n’ont pas joué un rôle, mais à ce moment-là les populations de mastodontes s’étaient déjà fortement réduites et se concentraient surtout dans la région des Grands Lacs » américains, relève-t-il.

« Il s’agit d’un scénario très différent de celui avancé jusqu’alors, selon lequel l’activité des humains a été la principale cause de la disparition de ces animaux en l’espace de quelques centaines d’années », explique Grant Zazula.

Les résultats de cette étude ont plusieurs implications, selon ces scientifiques. Ces derniers savent déjà que le paresseux, le camélidé et le castor géant américain ont également migré vers le Sud avec le retour de la glaciation dans l’Arctique, mais ils effectuent davantage de recherches pour déterminer le sort d’autres espèces animales qui pourraient aussi avoir suivi le même chemin.

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