« L’éolien en mer a un avenir », assure Ignacio Martin, président exécutif de Gamesa, le groupe espagnol, un des leaders mondiaux du secteur, qui a fabriqué cette éolienne. Mais « en Espagne, ce n’est pas très prometteur ».
D’une puissance de 5 mégawatts, l’éolienne a été installée au bout d’une digue du port d’Arinaga à Agüimes, sur l’île de Grande Canarie. Haute de 154 mètres, équipée de pales de 62,5 mètres chacune, elle pourra fournir en énergie 7.500 foyers par an.
Sa période de test, démarrée en juillet, devrait lui permettre d’obtenir sa certification commerciale autour de mars 2014, ce qui lancera son déploiement.
Destination quasi-certaine? La mer du Nord, qui concentre actuellement la majorité des projets européens d’éolien en mer. L’éolienne est déjà pré-selectionnée pour des projets au large du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la Belgique, selon Gamesa.
« Le marché de Gamesa, dans les prochaines années, ne sera pas le marché espagnol, en termes d’éolien en mer, mais le nord de l’Europe », explique Alvaro Martinez Palacio, directeur des opérations en mer du géant énergétique Iberdrola, premier actionnaire de Gamesa.
Iberdrola, qui revendique la première place mondiale dans l’éolien, est déjà engagé dans plusieurs projets d’éolien en mer, près des côtés allemandes, britanniques et françaises.
Principal obstacle en Espagne, la géographie, même si le pays compte quelque 8.000 kilomètres de côtes.
Le long des rivages espagnols, « il y a très peu d’espaces maritimes avec une profondeur inférieure à 50 mètres », la limite pour l’éolien posé en mer, précisé Emilien Simonot, du département technique de l’Association espagnole de l’éolien (AEE).
« Mais cela ne veut pas dire que nous ne soyons pas capables de réaliser le développement technologique ici », estime Ignacio Martin, réclamant un meilleur soutien du gouvernement pour les prototypes de ce genre.
Car le pays, qui a longtemps accordé de généreuses aides aux énergies renouvelables, fait figure de pionnier dans l’éolien, dont il est le numéro quatre mondial en termes de puissance installée.
« Au premier semestre, plus de la moitié de toute l’électricité produite en Espagne provient de sources renouvelables », avec environ 20% de l’éolien, soulignait lundi le ministre de l’Industrie José Manuel Soria, en inaugurant l’éolienne.
Mais « ne tuons pas cette industrie », a plaidé Ignacio Martin, alors que le secteur a vu ses aides fondre ces dernières années, en raison de la cure de rigueur sans précédent appliquée par le gouvernement.
Désormais, « 100% de nos nouvelles installations sont hors d’Espagne », la majorité en Finlande cette année, dit-il.
Malgré ce contexte défavorable, il veut croire au potentiel de l’éolien en mer: « même si c’est encore une industrie débutante, cela vaut le coup de miser sur elle ».
Surtout que l’effort technologique est bénéfique en termes d’emploi: ainsi, toutes les pièces de l’éolienne présentée lundi ont été fabriquées dans les usines espagnoles du groupe, qui comptent plus de 4.000 salariés. Les pales, notamment, viennent de Navarre (nord) et la nacelle de la région de Saragosse (nord-est).
Plus généralement, l’éolien en mer, qui ne représente actuellement que 2% du total de la puissance éolienne installée dans le monde, est « un marché avec de grandes perspectives de croissance en Europe », souligne Emilien Simonot, de l’AEE, et même si son coût est plus élevé que l’éolien terrestre, il bénéficie d’un vent « supérieur et de meilleure qualité », car plus régulier.
Pour les côtes espagnoles, l’espoir réside dans l’éolien flottant, qui permet d’installer une éolienne en mer quelle que soit la profondeur. « C’est une technologie qui se développera après 2020 », explique Alvaro Martinez Palacio, d’Iberdrola. Gamesa travaille déjà dans un consortium qui testera bientôt cette technique en Espagne.
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GAMESA CORPORACION TECNOLOGICA SA
IBERDROLA