« Nous en avons assez d’être dénoncés comme des gens vivant sous perfusion. Nous avons un contrat de service public qui est justement rémunéré par rapport à une prestation qui est mise en ligne par la SNCM et la Méridionale », a déclaré le directeur pour la Corse de la SNCM, Pierre-André Giovannini, à la radio Alta Frequenza.
Corsica Ferries avait annoncé mardi avoir déposé un recours en justice contre l’attribution pour dix ans (2014-23) par la Collectivité territoriale de Corse (CTC) de la délégation de service public (DSP) au consortium SNCM/Méridionale.
La candidature de cette compagnie privée, dont les navires battent pavillon italien et les équipages sont multinationaux, n’avait pas été retenue par l’Assemblée de Corse.
« Cet énième recours de Corsica Ferries à l’encontre de la DSP est à comprendre comme une remise en question du choix de l’Assemblée » de Corse, a souligné M. Giovannini. Il a ajouté que « le harcèlement juridique auquel nous étions habitués est maintenant tourné contre la Corse ».
Il a en outre accusé Corsica Ferries de « faire croire que la SNCM touchait 96 millions d’euros de subventions, alors que c’est une rémunération en échange d’une prestation ».
Cette somme allouée par la CTC concerne la SNCM pour 57,5 millions, mais aussi la Méridionale avec 38,5 millions, a-t-il précisé, ajoutant que cette compagnie, « présentée comme le bon élève de la classe, a perdu en 2012 1,8 million et terminera vraisemblablement l’exercice 2013 » avec des pertes situées « entre 8 et 9 millions ».
Le partenariat avec la Méridionale se déroule bien « au niveau des ventes » de billets. Toutefois « des gens jouent un jeu très trouble en pensant que la SNCM pourrait trébucher », a estimé le dirigeant, assurant qu' »un dépôt de bilan n’est pas à l’ordre du jour ».
Dénonçant « des connivences et des amitiés concrètes » entre la Méridionale et la Corsica Ferries, il a ajouté que « si l’on veut parler de subventions et d’argent public, on peut aussi parler de l’aide sociale parce que la Corsica Ferries a touché à ce titre plus de 160 millions d’euros depuis une dizaine d’années » versés par la CTC.
Dans un communiqué, la direction de la Méridionale « s’étonne » de ces déclarations. « Elle ne s’est jamais permis la moindre observation sur la situation économique de son partenaire sur la desserte de la Corse », affirme la compagnie, qui « veillera en permanence à se tenir à cette ligne de conduite » et « ne commentera donc pas les propos formulés publiquement à son sujet dans la matinée ».
La Méridionale « n’a pas de temps à perdre à commenter des allégations fantaisistes et des insinuations malveillantes », ajoute-t-elle.
Le candidat socialiste à la mairie de Marseille, Patrick Mennucci a par ailleurs dénoncé « des rumeurs insistantes laissent supposer depuis que (la SNCM) pourrait être vendue à la découpe avant Noël, avec le maintien des seules liaisons maritimes avec la Corse dans le cadre de la continuité territoriale ».
Le député demande que soit désigné « par le Premier ministre, un seul et unique pilote dans ce dossier », en raison de « la multiplicité des acteurs publics et privés », qui conduisent « à une pluralité d’expressions et de solutions, souvent concurrentes voire divergentes, qui sont sources de troubles et de confusion ».
L’actuel maire (UMP) de Marseille Jean-Claude Gaudin, candidat à sa propre succession, a lui dénoncé dans un communiqué l’inaction du gouvernement de Jean-Marce Ayrault, « muet et inerte », et annonce qu’il prendra « très prochainement des initiatives pour placer le gouvernement et ses représentants locaux devant leurs responsabilités » dans ce dossier.