L’industrie touristique calédonienne à terre mais prête à rebondir

Nouméa, 9 juil 2024 (AFP) – La saison d’observation des baleines a commencé en Nouvelle-Calédonie: une période habituellement faste pour le secteur touristique, mais réduite à néant cette année par les émeutes qui ont touché l’archipel et mis toute une industrie à terre.

« Depuis le 13 mai, c’est la première fois que je sors », confie amèrement Cyrille Cottica en rentrant au port. Son catamaran peut accueillir jusqu’à 18 personnes mais seulement cinq touristes, du personnel de la Marine nationale de passage, ont pris place pour une journée de farniente.

La suite s’annonce amère: le skipper, installé depuis 16 ans en Nouvelle-Calédonie, a dû arrêter toutes ses sorties autour de la Nouvelle-Calédonie pour raison de sécurité. En juin, il a limité les dégâts en faisant « deux charters pour Vanuatu », convoyant dans l’archipel voisin des Calédoniens désireux de quitter le territoire.

Mais pour le mois de juillet, il anticipe 80-85% de pertes. « On ne voit pas de futur. On ne sait pas combien de temps ça va durer, quand ça va finir… Dans tous les cas, l’économie est à terre ».

Après le nickel, le tourisme est la deuxième industrie de Nouvelle-Calédonie avec 5.000 emplois directs, quatre fois plus avec les emplois induits. Il a rapporté l’an passé 51 milliards de francs pacifique (427 millions d’euros), selon Julie Laronde, la directrice de Nouvelle-Calédonie Tourisme (NCT).

En 2023, 126.000 touristes – Français mais aussi Australiens, Néo-Zélandais ou Japonais – ont visité l’archipel, auxquels s’ajoutent les 344.000 visiteurs déversés par les bateaux de croisière.

« On ne peut pas se passer de ce secteur. Quand le nickel va mal, le tourisme est un levier de diversification économique hyper important », estime-t-elle.

La Nouvelle-Calédonie a une chance. « Les infrastructures n’ont pas été touchées par les émeutes », dit la directrice de NCT. A Nouméa, les hôtels font même le plein grâce aux 3.500 policiers et gendarmes déployés pour venir à bout des troubles qui frappent le territoire depuis le 13 mai.

« Mais le jour où ils partiront, ça sera vide », prévient Julie Laronde. Une expérience que connaissent déjà les hôteliers du reste de la Nouvelle-Calédonie.

– Les gens oublient vite –

Patrick Bachelet, gérant du Betikure Park Lodge, un hôtel familial dans un cadre luxuriant à 150 km au nord de Nouméa, a enregistré 120 annulations depuis le début de la crise et ne se fait pas d’illusion sur la vingtaine de clients n’ayant pas encore annulé leur réservation.

« On ne repartira pas avant la fin de l’année et encore, avec seulement 40-50% de la clientèle d’avant », estime-t-il. Ses neuf salariés ont été incités à poser leurs congés en juin. En juillet, des mesures de chômage partiel ont été prises et « pour l’avenir, on ne sait pas ».

« Le mot-clef, c’est la confiance », estime-t-il. S’il pense qu’elle reviendra rapidement pour les locaux, les touristes étrangers qui « font le choix de venir en Nouvelle-Calédonie, on les a perdus pour des années », craint-il.

« Le problème, c’est que la Nouvelle-Calédonie n’est pas forcément bien connue, et on la connait aujourd’hui par ces événements », ajoute le gérant.

La perspective n’effraie pas Julie Laronde. Ces dernières semaines, elle a multiplié les contacts avec ses homologues de Fidji ou de Bali, deux destinations régionales marquées par des coups d’Etat et des attentats ces dernières années.

Son constat est clair: « L’être humain a une capacité à oublier, on ne s’en rend pas compte », dit la directrice de Nouvelle-Calédonie Tourisme – qui a elle-même mis 70% de son personnel en chômage partiel.

Le contact avec les agences de voyages et les croisiéristes étrangers n’est pas rompu et un plan de communication est prêt à être déployé dès le retour à la normale. « Mais il ne faut pas que ça dure encore trois mois », prévient Julie Laronde, qui réclame comme tous les acteurs du secteur des « moyens pour tenir le coup ».

Problème: les caisses des collectivités locales sont vides et l’Etat ne se précipite pas pour venir en aide à la Nouvelle-Calédonie. « Mais dans trois mois, s’il n’y a pas d’aide, les professionnels vont mettre la clé sous la porte. On est résilients, mais quand même… », estime Julie Laronde.

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