Dans son rapport annuel sur le transport maritime, l’ONU Commerce et Développement (Cnuced) souligne que l’économie mondiale, la sécurité alimentaire et l’approvisionnement en énergie sont de plus en plus menacés par les vulnérabilités des principales routes maritimes.
« Le secteur est confronté à de nombreux défis qui menacent l’efficacité, la fiabilité, la résilience et la durabilité du transport maritime », souligne la secrétaire générale de l’agence onusienne, Rebeca Grynspan, dans l’avant-propos du rapport.
« A peine remis des bouleversements provoqués par la pandémie de Covid-19 et après avoir commencé à s’adapter aux changements commerciaux causés par la guerre en Ukraine, le commerce mondial et les chaînes d’approvisionnement sont maintenant confrontés à une nouvelle vague de perturbations », poursuit-elle.
Selon le rapport, le commerce maritime, qui a augmenté de 2,4% en 2023 pour atteindre 12.292 millions de tonnes, a commencé à se redresser après une contraction en 2022. Il devrait enregistrer une croissance modeste de 2% en 2024, tirée par la demande de marchandises en vrac comme le minerai de fer, le charbon et les céréales, ainsi que par les marchandises conteneurisées, et atteindre une moyenne annuelle de 2,4% sur la période 2025-2029.
Toutefois, « l’avenir reste incertain », indique l’ONU Commerce et Développement, dans un communiqué.
– Perturbations –
Le commerce conteneurisé, qui n’a augmenté que de 0,3% en 2023, devrait rebondir de 3,5% en 2024, mais la croissance à long terme dépendra, selon l’ONU, de la manière dont l’industrie s’adaptera aux perturbations actuelles, telles que la guerre en Ukraine et les tensions géopolitiques croissantes au Moyen-Orient.
Les principales routes maritimes ont subi d’importantes perturbations, entraînant des retards, des réacheminements de navires et des coûts plus élevés.
Le trafic empruntant le canal de Panama et le canal de Suez, artères essentielles du commerce mondial, a chuté de plus de 50% à la mi-2024, par rapport à leurs sommets, indique l’ONU. Cette baisse s’explique par les faibles niveaux d’eau du canal de Panama dus au climat sec et par le conflit affectant la région de la mer Rouge, qui a eu des répercussions sur le canal de Suez.
Le réacheminement des cargaisons autour du Cap de Bonne Espérance a explosé, pour maintenir le flux de marchandises, accroissant « considérablement » les coûts, les retards et les émissions de carbone, indique l’ONU.
Ces itinéraires plus longs ont également entraîné une augmentation de la congestion portuaire, de la consommation de carburant, des salaires des équipages, des primes d’assurance et des risques de piraterie.
– Vieux navires –
À la mi-2024, le réacheminement des navires de la mer Rouge et du canal de Panama avait augmenté la demande mondiale de navires de 3% et la demande de porte-conteneurs de 12%, par rapport à ce qu’elle aurait été en l’absence de ces perturbations. Cette situation exerce une pression considérable sur la logistique mondiale et met à rude épreuve les chaînes d’approvisionnement.
L’escalade des coûts « se traduit par une hausse des tarifs d’expédition qui est inévitablement répercutée sur les consommateurs », une situation qui « exacerbe l’inflation et sape la croissance économique », indique Mme Grynpsan, relevant que les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés sont les plus durement touchés.
Le rapport indique que si la crise affectant la navigation maritime dans la mer Rouge et la sécheresse réduisant le niveau d’eau dans le canal de Panama se poursuit, les prix mondiaux à la consommation pourraient augmenter de 0,6% d’ici à 2025.
L’ONU appelle par ailleurs à promouvoir un transport maritime à faible émission de carbone, alors que le secteur représente 3% de l’ensemble des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Début 2024, seulement 50% des commandes de nouveaux navires concernaient des navires capables d’utiliser des carburants alternatifs, alors que le démantèlement des vieux navires a ralenti en raison des taux de fret élevés et de la demande accrue de navires à la suite de l’augmentation des distances de navigation.
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