Marathon ministériel à l’OMC, au chevet des négociations sur la pêche

Genève, 15 juil 2021 (AFP) – Les ministres des 164 membres de l’OMC étaient engagés jeudi dans un marathon pour mesurer les chances de parvenir à un accord cette année sur les difficiles négociations sur la surpêche, vieilles de 20 ans.

« Bien que personne ne s’attende à un miracle, la réunion représente une occasion en or de rapprocher les négociations d’un accord », a affirmé la nouvelle directrice de l’Organisation mondiale du commerce, Ngozi Okonjo-Iweala, dans une tribune sur Project Syndicate.

« Un échec mettrait en péril la biodiversité des océans et la durabilité des stocks de poissons dont tant de personnes dépendent pour leur alimentation et leurs revenus », a ajouté la Nigériane.

La réunion, qui a démarré vers 08H00 (06H00GMT) et devrait durer jusqu’à au moins 19H00 (17H00 GMT), n’est pas publique et se tient en ligne en raison de la pandémie de Covid-19.

Les ministres doivent faire le point sur les désaccords qui persistent, notamment sur le traitement des pays en développement et la fiscalité des carburants, sur la base d’un texte proposé par le Colombien Santiago Wills, qui dirige les négociations sur ce sujet épineux, alors que l’ONU avait fixé 2020 comme année butoir pour conclure un accord.

Cet objectif n’a pas été atteint en raison des profonds désaccords entre les membres et de la crise sanitaire qui a ralenti le rythme des discussions, mais Mme Okonjo-Iweala a fait de ce dossier une priorité et réclame un accord avant la grande Conférence ministérielle de l’OMC qui aura lieu pendant la semaine du 29 novembre à Genève.

« Après deux décennies de négociations à l’OMC et des discussions marathon cette année, nous avons devant nous un projet de texte d’un accord qui va concrétiser l’ambition mondiale de mettre fin aux subventions à la pêche préjudiciables », a-t-elle affirmé la semaine dernière.

Pour Alice Tipping, du bureau genevois du think tank canadien Institut international du développement durable (IISD), « il n’y a jamais eu autant d’attention politique sur le sujet, autant d’engagement de la société civile, et un tel niveau d’attention politique de la part d’un directeur général » sur le sujet.

Malgré cela, les négociations butent sur plusieurs points, tandis que les ONG appellent à trouver un accord qui ne sacrifie pas la protection des océans au nom de l’empressement à trouver un accord.

– Armada de pêche chinoise –

Les discussions à l’OMC visent à interdire les subventions à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (dite INN), celles concernant les stocks surexploités et celles contribuant à la surcapacité et à la surpêche. Dans les deux derniers cas, le texte prévoit que les aides soient autorisées lorsqu’elles encouragent la reconstitution des stocks de poissons à des niveaux biologiquement durables.

Les modalités du traitement des pays en développement constituent la principale pierre d’achoppement des discussions. Les pays développés jugent plutôt d’un bon oeil que les pays les plus pauvres puissent bénéficier de flexibilités, mais ils souhaitent que les pays en développement qui possèdent de véritables armadas de pêche, comme la Chine, ne jouissent d’aucun régime d’exception.

D’autant qu’à l’OMC, ce sont les pays qui s’autodéclarent « pays en développement ».

« Il serait très utile que la Chine, qui est la plus grande nation de pêche du monde, dise clairement qu’elle est prête à assumer pleinement les obligations sans traitement spécial et différencié. Ce serait certainement un signal politique très important », a affirmé un responsable européen.

Le traitement spécial et différencié « ne peut pas être une carte blanche permettant à un pays qui se déclare en développement de continuer à subventionner » à tout va, a-t-il ajouté.

La portée de l’accord est également source de discorde: s’il semble y avoir un consensus pour exclure l’aquaculture et la pêche continentale du champ d’application, certains pays en développement demandent que les aides aux carburants, dont les exonérations fiscales, soient incluses. Ce que l’UE refuse.

Le texte risque de ne pas satisfaire non plus ceux qui, comme les Etats-Unis, souhaitent que l’accord englobe le travail forcé sur les navires de pêche, la proposition américaine n’étant pas prise en compte dans le texte discuté jeudi.

Au-delà du coût humain, « le travail forcé donne aux navires de pêche qui se livrent à cette pratique un avantage commercial injuste », avait souligné fin mai le bureau de la représentante américaine au Commerce (USTR), Katherine Tai.

Les Infos Mer de M&O

Nodens : du vent dans les voiles, du whisky en cale (entretien avec Tristan Botcazou)

La devise de Nodens pourrait être "Fluctuat Nec Mergitur". A peine lancée, cette nouvelle entreprise bretonne de whisky transporté à la voile fait...

« Les ports ne peuvent plus subir la transition énergétique, ils doivent la piloter »

Par Loïc Espagnet - Président de SeaBridges Dans un secteur portuaire en pleine mutation, SeaBridges se pose comme un nouvel acteur animé par une ambition...

L’Axe Seine réinventé : un ouvrage collectif explore le lien entre Paris, Rouen et Le Havre

Une nouvelle parution consacrée à la colonne vertébrale logistique française Un nouvel ouvrage, intitulé L’Axe Seine réinventé, vient de paraître. Il plonge au cœur...

La crise de la pêche en Mauritanie peut-elle s’étendre au Maroc ? (par Gabriel Robin)

À Nouadhibou, poumon halieutique de la Mauritanie, les poissons se raréfient de plus en plus. Dans un reportage publié le 31 juillet 2025,...

« Ma connaissance pointue du nautisme me permet d’accompagner l’ensemble des professionnels du secteur » (Entretien avec Julie Leveugle)

Navigatrice expérimentée et amoureuse de l’Océan, Julie Leveugle a fait de sa passion un métier : celui de rédactrice web SEO au service des...

La DGA commande de nouveaux avions Falcon 2000 Albatros à Dassault Aviation (programme AVSIMAR)

La Direction Générale de l’Armement (DGA) a notifié la commande de cinq Falcon 2000 Albatros à Dassault Aviation, le 26 septembre 2025, dans...

Plus de lecture

M&O 288 - Septembre 2025

Colloque Souveraine Tech du 12 sept 2025

Alors qu'il était Premier Consul, Napoléon Bonaparte déclara le 4 mai 1802 au Conseil d'État, "L’armée, c’est la nation". Comment ce propos résonne t-il à un moment de notre histoire où nous semblons comprendre à nouveau combien la nation constitue et représente un bien à défendre intelligemment ? Par ailleurs, si la technologie est le discours moral sur le recours aux outils et moyens, au service de qui ou de quoi devons-nous aujourd'hui les placer à cette fin, en de tels temps incertains ? Cette journée face à la mer sous le regard de Vauban sera divisée en tables rondes et allocutions toniques.

ACTUALITÉS

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.