« Globalement, la Méditerranée est dans un bon état chimique », a résumé Marc Bouchoucha, biologiste au centre Ifremer de Méditerranée, lors d’une conférence de presse sur la pollution chimique de la Méditerranée coprésentée avec l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse.
Il a noté que sur la centaine de points de surveillance de la côte, 90% présentaient « des niveaux de contamination en-dessous des seuils réglementaires environnementaux ». Les chercheurs se servent principalement des mollusques, qui sont des « intégrateurs des contaminants », pour leurs études.
Pour Laurent Roy, directeur général de l’Agence de l’eau, ces résultats montrent que « les efforts collectifs pour réduire les pollutions portent des fruits ».
Les scientifiques ont pu voir notamment que la pollution des eaux vers les côtes narbonnaises avait diminué suite à l’arrêt des activités industrielles au cadmium.
Néanmoins des pollutions historiques font encore des ravages en mer, et sont encore visibles dans le sédiment, au fond de la mer. Ainsi, dans la rade de Toulon, la présence de métaux lourds et d’hydrocarbures révèle l’histoire industrielle et militaire de la rade.
Dans le Cap Corse, les analyses ont aussi permis de mettre à jour des résultats « contre-intuitifs » dans un lieu très naturel : « des millions de tonnes » de nickel et de chrome jetés à la mer continuent de polluer cette zone, « aujourd’hui fortement contaminée », selon Marc Bouchoucha. 98% des larves d’huître observées y sont mal formées, a-t-il ajouté.
Des « points de vigilance » pour l’Ifremer et l’agence de l’eau, qui concernent aussi les côtes des grandes métropoles.
A titre d’exemples, « le plomb et les hydrocarbures (hydrocarbures polycycliques – HAP) sont plus présents dans les zones urbanisées car corrélés aux nombreuses activités humaines qui y sont implantées: circulation automobile, activité portuaire, raffinerie, etc », selon le communiqué de l’Ifremer.
Les chercheurs ont traqué 65 contaminants grâce à des stations artificielles de moules placées sur 70 points situés en mer et 20 dans les lagunes méditerranéennes.
« Le milieu marin est le réceptacle final des contaminants gérés sur terre par l’activité humaine », a rappelé Daniel Lafitte, biochimiste à l’Université Aix-Marseille, qui travaille sur les contaminants émergents.
Ils ont notamment trouvé « de très nombreuses molécules anticancéreuses », « à des taux significatifs, qui peuvent avoir des effets sur la faune marine ». « Il faut fortement réduire leur présence dans le milieu marin en modifiant les filtres des stations d’épuration », a conseillé M. Lafitte.
Chaque année, l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse dépense « 100 millions d’euros pour préserver la Méditerranée, dont 2,3 millions pour la surveillance de son état », a indiqué M. Roy.