« Les eaux internationales et l’espace aérien international appartiennent à tout le monde » et ne peuvent être « sous la domination d’une quelconque nation », a insisté l’amiral Harry Harris, chef des forces américaines dans le Pacifique, en visite en Chine.
« Notre armée continuera de voler, de naviguer et d’opérer partout où le droit international nous y autorise. La mer de Chine méridionale n’est pas et ne sera pas une exception », a-t-il déclaré, selon le texte d’un discours prononcé à l’Université de Pékin.
Le navire lance-missiles USS Lassen avait navigué le 28 octobre à moins de 12 milles d’îles artificielles construites par Pékin en mer de Chine du sud, dans l’archipel disputé des Spratleys.
Pékin avait réagi avec colère, dénonçant « une incursion illégale, sans la permission de la Chine », et déplorant « une menace pour sa souveraineté et ses intérêts sécuritaires ».
La Chine considère comme des eaux territoriales la zone des 12 milles autour de ces îles construites sur des îlots qui affleurent parfois à peine, ce que réfute Washington.
Pékin revendique des droits sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, se basant notamment sur une délimitation en pointillés apparue sur les cartes chinoises dans les années 1940 – une source de vifs différends territoriaux avec ses voisins.
Ces revendications, constamment rejetées par les Etats-Unis, ont été qualifiées d' »ambiguës » par l’amiral Harris, qui a mentionné « la soi-disant +ligne en neuf traits pointillés+ ».
Pour asseoir ses prétentions dans la région, Pékin mène d’énormes opérations de remblaiement, accélérant depuis un an la transformation de récifs coralliens en ports, pistes et infrastructures diverses.
Les Spratleys, qui comprennent une centaine d’îlots et de récifs inhabités, sont également âprement revendiqués par le Vietnam, la Malaisie, Brunei et les Philippines, un allié de Washington.
Les Etats-Unis et des pays d’Asie du Sud-Est redoutent un coup de force du géant chinois qui lui donnerait le contrôle sur l’une des routes maritimes commerciales les plus stratégiques du globe, par laquelle transite notamment un tiers des cargaisons mondiales de pétrole.
Harry Harris a néanmoins eu quelques mots conciliants mardi pour vanter le dialogue entre les marines chinoise et américaine et pour rappeler les visites effectuées par les navires de chaque nation dans des ports de l’autre pays.
« Certains experts prédisent un affrontement à venir entre nos nations. Je ne souscris pas à cette vision pessimiste », a observé l’amiral, pointant « de nombreux sujets où (les deux pays) trouvent un terrain d’entente ».