Migrants: accord de l’UE pour recourir à la force contre les passeurs en Méditerranée (sources européennes)

Cette mesure, qui doit être effective à partir de début octobre, autorise les navires de guerre européens à arraisonner, fouiller, saisir et dérouter les embarcations soupçonnées de servir aux passeurs.

Ils pourront également procéder à des arrestations, mais à condition de ne pas entrer dans les eaux territoriales libyennes.

Lors d’une réunion ministérielle lundi matin à Bruxelles, les 28 Etats membres de l’UE indiquent que « les conditions sont réunies » pour passer à la deuxième phase, en haute mer, de leur opération EU Navfor Med lancée fin juin en Méditerranée.

Jusqu’ici, l’opération — forte de quatre navires et d’un millier d’hommes — était cantonnée à la surveillance à partir des eaux internationales des réseaux criminels qui envoient chaque jour, à partir des côtes libyennes, des embarcations précaires chargées de migrants vers l’Italie.

Elle a aussi participé à plusieurs opérations de secours, contribuant à sauver 1.500 personnes.

Selon l’ONU, 121.000 migrants sont arrivées en Italie sur des bateaux de fortune partis de Libye depuis le début de l’année, soit environ 450 personnes par jour.

Plusieurs naufrages tragiques ont choqué l’opinion, dont celui en avril d’un chalutier qui a fait 800 morts, après lequel les Européens ont décidé de lancer EU Navfor Med pour « casser le +business model+ des passeurs ».

Si l’amplification de la crise cet été avec l’arrivée de dizaines de milliers de réfugiés en Hongrie et en Grèce a pu diviser les Européens sur la question de leur accueil, les 28 sont en revanche « déterminés » à aller de l’avant sur le plan militaire au large de la Libye.

« Nous allons continuer à faire de la surveillance et à secourir des migrants, mais nous allons aussi procéder à des arraisonnements forcés, poursuivre des bateaux et les aborder, arrêter des passeurs et trafiquants et les amener devant la justice », a expliqué un haut responsable européen la semaine dernière.

« Les cibles ne sont pas les migrants mais ceux qui gagnent de l’argent sur leurs vies et, trop souvent, sur leurs morts », avait souligné la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, lors du lancement de l’opération.

Pour monter en puissance, sept frégates supplémentaires sont nécessaires, dont certaines équipées d’installations médicales, ainsi que des hélicoptères, des sous-marins et des drones.

EU Navfor Med s’appuiera surtout sur des forces spéciales, les commandos marine, pour l’arraisonnement forcé des navires des passeurs, une tactique souvent utilisée dans les opérations contre les narcotrafiquants.

Les états-majors des 28 pays de l’UE doivent se réunir mercredi pour faire le point sur les contributions en hommes et en matériel de chacun.

Mais la deuxième phase de la mission ne pourra pas être lancée avant début octobre, selon une source diplomatique, car l’UE doit encore adopter une série de textes juridiques.

Il est d’ores et déjà prévu que les suspects seront remis aux autorités judiciaires italiennes, chargées de les poursuivre. Les migrants sauvés seront également conduits en Italie.

L’opération est censée in fine détruire les embarcations utilisées par les trafiquants au plus près des côtes libyennes, notamment les « bateaux mères » qui servent à tracter en haute mer des radeaux de fortune chargés de migrants.

Mais, en l’absence d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant l’usage de la force dans les eaux territoriales libyennes, les Européens ne peuvent pour l’heure s’approcher à moins de douze miles marins des côtes.

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