La plus haute juridiction judiciaire française n’a pas admis mardi le pourvoi d’Oleg Navalny et de Ioulia Navalnaïa, frère et épouse de l’opposant numéro 1 du Kremlin mort en février 2024 dans une colonie pénitentiaire dans l’Arctique.
« C’était notre devoir d’aller avec son épouse jusqu’au bout des possibles, en mémoire d’Alexeï. On peut regretter un excès de frilosité du tribunal de Vannes qui a bénéficié à Yves Rocher », a commenté l’avocat des parties civiles, Me William Bourdon.
« Nous réfléchissons à saisir la Cour européenne des droits de l’Homme », a-t-il ajouté.
Ce pourvoi visait à contester le non-lieu rendu en octobre 2021 par une juge d’instruction de Vannes (ouest de la France) dans ce dossier, confirmé en appel à Rennes en mai 2023.
En 2019, M. Navalny et son frère Oleg avaient déposé une plainte en France pour « dénonciation calomnieuse », estimant que le groupe Rocher les avait injustement accusés d’escroquerie en Russie, où le groupe est implanté depuis 1991.
En 2012, la justice russe avait ouvert une enquête sur de supposés détournements de fonds qui auraient été commis par la société Glavpodpiska, détenue par les frères Navalny, au détriment de la filiale russe du groupe français, Yves Rocher-Vostok.
A la faveur de ces investigations, le groupe Rocher avait dit avoir « découvert plusieurs indices concordants et importants rendant vraisemblable l’existence d’une escroquerie ».
La firme française avait alors déposé une plainte contre X pour avoir accès au dossier.
Le groupe avait par la suite reconnu n’avoir subi aucun préjudice mais cela n’a pas empêché l’ennemi juré de Vladimir Poutine d’être condamné en Russie en décembre 2014 à trois ans et demi de prison avec sursis pour détournement au détriment de la filiale russe du groupe Rocher. Son frère Oleg s’était vu infliger la même condamnation, mais ferme.
Le sursis d’Alexeï Navalny avait ensuite été révoqué et il avait été arrêté en janvier 2021 à son retour de Berlin.
Alexeï Navalny est mort le 16 février 2024 dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique russe où il purgeait une peine de 19 ans pour « extrémisme ».
Ses alliés et sa famille affirment qu’il a été assassiné sur ordre de Vladimir Poutine.