Les ventes unitaires en France ont progressé de seulement 1% du 1er septembre 2016 au 31 août 2017 et les industriels n’imaginent pas mieux qu’une « évolution légèrement favorable » pour la saison qui vient de s’achever, a expliqué mercredi Yves Lyon-Caen, le président de la Fédération des industries nautiques (FIN).
Le secteur reste « profondément fragile », a souligné le président de la FIN lors d’une conférence de presse.
Si les bateaux à moteur tiennent leur rang (+3%), la voile a elle dévissé (-5%).
« La voile n’est pas dans une grande période de croissance », regrette Alain Pichavant, l’organisateur du Salon Nautique.
« Le marché français n’est pas au rendez-vous », confirme le président de la Fédération. Au cours de la saison précédente, « il semblait en reprise (+9%, ndlr), mais cela ne s’est pas confirmé. Le neuf reste profondément fragile. Il faut se garder de le déstabiliser ».
« Avant, on était sur un marché d’équipement, là c’est un marché de renouvellement », prévient Stephan Constance, président de Grand Large Yachting. On ne retrouvera pas le niveau d’avant sur les ventes dans le neuf ».
Tout n’est pas toutefois complètement morose pour un secteur durement secoué par dix ans de crise économique mais qui peut s’enorgueillir d’avoir produit 52.989 bateaux de plaisance en France en 2016-2017.
L’activité de la filière s’est élevée durant cette saison à 4,8 milliards d’euros, dont 1,8 milliard rien que pour l’industrie, progressant de 5% d’une année sur l’autre.
« Il a fallu dix ans pour retrouver le niveau de chiffre d’affaires de 2008. L’essentiel, pour ne pas dire la totalité du chiffre d’affaires est lié au développement de l’international. Le taux d’exportation est d’ailleurs passé de 62% en 2009 à 75,1% », a relevé M. Lyon-Caen.
– Affaiblissement italien –
Les industries françaises ont encaissé 816,4 M EUR de l’étranger, un marché qui semble encore évolutif.
« La pénétration s’est d’abord faite sur le marché européen car on a profité de l’affaiblissement de la concurrence italienne », a encore détaillé le dirigeant de la FIN. «
Le marché mondial va bien, il est robuste sur l’Europe avec une évolution de 3 à 5% en moyenne dans tous les pays et l’Amérique du Nord poursuit sa croissance ».
« C’est assez surprenant d’ailleurs, reconnait-il. On avait tous un peu peur en 2017 de la dépréciation du dollar, des annonces de politique économique qui ont accompagné l’arrivée de Trump et du risque de déstabilisation ».
Il n’en a visiblement rien été mais cela n’exclut pas un retour de manivelle douloureux si les relations entre les Etats-Unis et ses partenaires commerciaux continuent de se dégrader.
« A l’heure actuelle, la surenchère dans le protectionnisme est restée verbale. Les premières mesures comme la rétorsion européenne sur les droits d’importation pour les bateaux européens n’ont pas eu d’impact sur les flux commerciaux », selon M. Lyon-Caen.
« Il est clair que si Trump était relégitimé lors des élections de novembre, on aurait un risque de résurgence de tensions commerciales l’an prochain », reconnait-il cependant.
« Les constructeurs américains sont doublement pénalisés sur la recherche d’approvisionnement puis l’accès au marché européen. A l’inverse, il y a une double opportunité pour les constructeurs européens », analyse pour sa part M. Constance, plus optimiste.
« Aujourd’hui, les taux de change sont un obstacle plus important que les droits de douane, précise le président de la FIN. L’effondrement de la livre turque est ainsi un vrai sujet. Alors que la Turquie, avec le salon d’Istanbul et une classe dirigeante tournée vers le nautisme, était presque devenue le 1er marché européen il y a 3-4 ans ».