Négociations à la SNCM: les syndicats dénoncent l’attidude de l’actionnaire Transdev

Au deuxième jour de ces négociations dirigées en préfecture à Marseille par le médiateur nommé par le gouvernement, Gilles Bélier, une nouvelle interruption de séance a été demandée mardi après-midi, ultime coup de théâtre alors que dans la matinée un accord semblait se dessiner autour d’un texte proposé par le médiateur.

« La discussion (portait sur) un texte du médiateur consacrant le +cadre sécurisé+ de l’élaboration de solutions pour le 2e semestre », précise la CFE-CGC dans un communiqué destiné à ses troupes.

Mais alors que ce texte semblait en voie d’acceptation par l’intersyndicale CGT – SAMMM – FO – CFE-CGC – CFDT – CFTC, Transdev a de nouveau exigé de passer par une procédure de redressement judiciaire. Or pour l’ensemble des syndicats, le passage devant le tribunal de commerce conduirait inévitablement au démantèlement de la compagnie.

Cette exigence de l’actionnaire a conduit « à une cinquième interruption de séance (mardi jusqu’à 17h30, Ndlr), car cela équivaut à tuer la médiation alors qu’elle est en train d’aboutir », explique la CFE-CGC dans son texte qui en appelle au gouvernement pour faire plier Transdev.

« Le gouvernement doit se ressaisir et ramener à la raison les actionnaires (Etat 25%, Transdev 66%)! », dit le syndicat, faisant porter sur l’Etat la responsabilité de l’enlisement du conflit, et de l’exacerbation des tensions tant en Corse que sur le continent.

Selon des sources concordantes, le plan discuté mardi prévoyait un moratoire suspendant jusqu’à la fin de l’année toute procédure judiciaire et permettant alors, comme le souhaitent les syndicats, de travailler sur une solution de reprise de la compagnie.

– Ultimatum à 18H00 en Corse –

Les effets de la grève, qui a débuté le 24 juin, commencent à provoquer la grogne de part et d’autre de la Méditerranée, dans la région marseillaise et en Corse.

A Marseille, les acteurs économiques s’alarment des « conséquences graves et durables » de la grève, qui oblige les bateaux de croisière à se dérouter du port, par crainte de blocage. Environ 30.000 passagers de ferries et 37.000 croisiéristes ont évité de débarquer à Marseille, déplorent-ils.

La Corse a connu plusieurs jours de tensions, durant lesquels les représentants du monde économique, qui s’estiment fortement pénalisés par la grève de la SNCM, mettent la pression sur les pouvoirs publics.

Obligés de dérouter leurs camions par Toulon, les transporteurs notamment, pointent les surcoûts engendrés en carburant et heures supplémentaires pour les chauffeurs.

Les organisations socioprofessionnelles (organisations patronales, CCI, agriculteurs, transporteurs…) de l’île ont donc lancé lundi un ultimatum qui a pris fin mardi à 18H00, et ont donc pris rendez-vous mercredi à 10H00 devant la préfecture de Bastia s’ils n’étaient pas entendus.

Ils demandent aux pouvoirs publics de débloquer le Kallisté, bateau de la Méridionale – seule autre compagnie à opérer entre Marseille et la Corse -, bloqué à quai par les marins CGT de la SNCM, et la sécurisation d’un quai permettant à la compagnie de reprendre ses rotations.

Mardi, le Kallisté se trouvait toujours à quai et son accès toujours barré par des camions de la CGT, a constaté un photographe de l’AFP. Du côté de la préfecture de Marseille, on ne souhaitait pas faire de commentaires à ce sujet.

Pourtant, la Méridionale annonce mardi soir sur son site la reprise des rotations entre la Corse et Marseille à partir de mercredi, alors que ses bateaux étaient depuis le début du conflit déroutés sur Toulon.

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