Le référé-détention opposé par le ministère public fait que M. Tein, en détention provisoire au centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin) depuis juin 2024, va rester dans l’immédiat en prison.
Selon la source proche du dossier, les trois juges d’instruction qui ont interrogé M. Tein, 57 ans, le 27 mai à Paris, ont accepté mardi sa remise en liberté sous contrôle judiciaire, avec interdiction de se rendre en Nouvelle-Calédonie et d’entrer en contact avec 13 autres protagonistes du dossier.
Les magistrats ont notamment estimé qu’à ce stade de la procédure, il n’est pas démontré que M. Tein ou d’autres mis en examen auraient préparé un attroupement armé ou un groupement violent, selon la source proche du dossier.
De même source, les juges d’instruction ont aussi relevé l’éloignement géographique important subi par M. Tein avec la Nouvelle-Calédonie, distante de l’Hexagone de plus de 16.500 kilomètres.
Le parquet s’est opposé à cette libération, estimant que M. Tein a occupé une place centrale comme commanditaire d’un plan d’actions violentes contre l’État et qu’il pourrait vouloir se soustraire à la justice grâce à des complices, s’il parvenait à rejoindre la Nouvelle-Calédonie grâce à sa remise en liberté.
Un juge de la cour d’appel de Paris doit dire dans les 48 heures s’il suspend ou non l’ordonnance de mise en liberté.
Si c’est bien le cas, M. Tein resterait en détention, et la chambre de l’instruction aurait ensuite dix jours pour confirmer ou infirmer la remise en liberté.
Dans un communiqué, les trois avocats de Christian Tein, Mes François Roux, Pierre Ortet et Florian Medico, se sont « félicités de la nouvelle lecture du dossier » par les juges et estimé que l’opposition du parquet de Paris était « en totale déconnexion avec les évidences de la procédure ».
M. Tein est le chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), une organisation que la justice soupçonne d’être derrière les émeutes qui ont éclaté le 13 mai 2024 en Nouvelle-Calédonie, faisant 14 morts et plus de deux milliards d’euros de dégâts.
Comme dix autres militants de la CCAT, M. Tein a été mis en examen dans la foulée, dans une enquête d’abord instruite à Nouméa.
Les investigations ont alors été ouvertes sur des soupçons de complicité de tentatives de meurtres, association de malfaiteurs, participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens, vols avec arme et destructions, en bande organisée.
En janvier 2025, l’information judiciaire a été dépaysée de Nouméa pour être confiée à des juges d’instruction parisiens.