La manifestation, première mobilisation d’une telle ampleur contre ce canal, s’est tenue à l’initiative de plusieurs collectifs dont Les Soulèvements de la Seine (une ramification des Soulèvements de la Terre), Extinction Rebellion et Mega Canal Non Merci. Elle a rassemblé « plus de 2.000 personnes » selon les manifestants et « un millier » selon la préfecture.
Un important dispositif de forces de l’ordre a encadré la marche, qui s’est déroulée dans le calme et en musique, avec fanfare et libellules géantes. Deux personnes ont été interpellées et placées en garde à vue à l’issue du rassemblement, l’une pour port d’arme prohibé et l’autre pour dégradation de la voie publique, a indiqué la préfecture à l’AFP.
Une trentaine de militants a sauté à l’eau pour traverser symboliquement le canal latéral à l’Oise et mettre le pied au bord du chantier de la future écluse de Montmacq pour y afficher brièvement une banderole dénonçant le coût du projet.
« On cherche à montrer l’absurdité du projet », qui n’est « pas viable économiquement », a estimé un militant des Soulèvements de la Terre, Valentin. Il plaide pour « réinvestir dans le Canal du Nord et investir dans le frêt ferroviaire » au lieu de construire un nouveau canal qui pourrait coûter jusque 10 milliards d’euros selon eux.
Pour l’élue écologiste Sandrine Rousseau, présente à la manifestation, « ce n’est pas un projet écologique quand on fait tout pour bétonner ». Elle a appelé à des politiques publiques encourageant une consommation raisonnée et locale, et non des projets qui profitent à des importations venues « de l’autre bout du monde ».
Agnès Ducharne, hydrologue chercheuse au CNRS, a manifesté car le canal, dont le chantier a débuté en 2022, est selon elle « un projet nuisible », « du siècle passé ».
Pour ses défenseurs, le canal Seine-Nord Europe, qui doit relier la Seine à l’Escaut et aux grands ports du nord du continent grâce à 107 km de voies fluviales à grand gabarit, constitue une « solution écologique » qui réduirait le transport routier.
Son coût prévisionnel a été estimé en 2019 à 5 milliards d’euros, financés par l’État, des collectivités locales et des fonds européens, un budget qui devrait être révisé en nette hausse.
Les opposants dénoncent aussi un « désastre environnemental », lié à l’artificialisation de « 3.200 hectares de terres agricoles », « 300 espèces protégées » menacées, ou encore une importante retenue d’eau, le tout compensé par des mesures jugées « illusoires ».