Panama: début d’une conférence internationale “Notre océan”

Panama, 2 mars 2023 (AFP) – Experts et ministres du monde entier entament jeudi à Panama la 8e conférence « Notre océan », avec des appels à sceller le plus vite possible un traité sur la haute mer discuté parallèlement à l’ONU.

Deux jours durant, quelque 600 délégués de gouvernements, entreprises et ONG vont débattre du cadre à donner à l' »économie bleue » (l’équivalent océanique de l’économie verte) pour l’exploitation durable et la protection des mers et des océans.

Ils plancheront sur les moyens d’élargir les zones marines protégées, réduire la pollution par les plastiques et autres déchets, combattre la pêche illégale et freiner l’exploitation minière sous-marine.

« Nous espérons (que) plus de 300 nouveaux engagements » seront pris pour la protection des ressources marines « à court, moyen et long terme », avec « la mobilisation de ressources » financières publiques et privées, selon la vice-ministre panaméenne des Affaires étrangères Yill Otero.

Lors d’une rencontre précédant le sommet, des représentants de l’Union européenne, des Etats-Unis, d’Amérique latine et des îles du Pacifique ont appelé les négociateurs à New York du traité sur la haute mer, en discussion depuis plus de quinze ans à l’ONU, à aboutir le plus vite possible.

« Scellons l’accord », a dit le secrétaire d’Etat français à la Mer, Hervé Berville. « Nous en sommes très proches », selon une responsable pour les océans du département d’Etat américain, Maxine Burkett.

– Vital pour l’humanité –

« Nous espérons que tous les pays parviennent à un accord ambitieux », a déclaré le modérateur de cette rencontre, Maximiliano Bello, de l’ONG Mission Blue.

« La haute mer constitue la moitié de la superficie de la planète, loin des juridictions nationales, et seuls une douzaine de pays sont venus l’utiliser (l’exploiter) d’une manière assez disruptive », a expliqué M. Bello à l’AFP.

La haute mer commence où s’arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes et n’est donc sous la juridiction d’aucun pays.

Représentant plus de 60% des océans et près de la moitié de la planète, elle est cruciale pour la protection de tout l’océan, lui-même vital pour l’humanité mais menacé par le changement climatique, les pollutions et la surpêche.

Mercredi, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé les négociateurs des pays membres réunis à New York depuis le 20 février et jusqu’à vendredi à conclure enfin un traité « robuste et ambitieux » sur la haute mer.

« Notre océan est sous pression depuis des décennies. Nous ne pouvons plus ignorer l’urgence pour l’océan », a-t-il lancé.

Les conférences « Our Ocean » (Notre océan ») ont été lancées en 2014 à l’initiative de John Kerry, alors chef de la diplomatie américaine et aujourd’hui envoyé spécial de la Maison Blanche pour le climat.

M. Kerry est présent à Panama ainsi que l’océanographe américaine Sylvia Earle, 87 ans, qui a dirigé plus de 100 expéditions océaniques en près de 60 ans de carrière et fondé l’ONG Mission Blue.

« Our ocean » offre un forum unique pour aborder toutes les questions liées à la mer. A Panama sont présentes plus de 200 ONG, 60 centres de recherches, 14 structures de philanthropie et une centaine d’entreprises et organismes internationaux.

– « Engagements » –

« La France espère trois choses de cette réunion », a expliqué M. Berville à l’AFP. « Premièrement que tous les pays puissent s’aligner pour concrétiser ce traité (sur la haute mer), qui est très important pour la préservation des océans et pour notre combat conte le changement climatique ».

« Deuxièmement, continuer à faire des océans une question diplomatique et politique et troisièmement (constituer) une coalition contre l’exploitation minière des fonds marins », a-t-il poursuivi.

Les participants ne procéderont à aucun vote et n’adopteront pas d’accord mais annonceront des « engagements » volontaires.

Plusieurs organisations se sont liguées pour réclamer davantage de transparence aux gouvernements à propos de la surpêche.

« Le défaut d’information favorise l’impunité en haute mer », selon Melissa Wright de Bloomberg Philanthropies.

« Dans de nombreux pays il y a de la surpêche et presque personne ne le sait », a averti Valeria Merino de la Fisheries Transparency Initiative.

Les ONG plaident pour une meilleure utilisation des satellites afin de surveiller les bateaux.

« Un tiers des espèces commerciales (maritimes) sont surexploitéees », a insisté Mónica Espinoza de Global Fishing Watch, une ONG qui surveille les bateaux par satellite.

Les gouvernements doivent « exiger que leurs flottes de pêche soient traçables, tout le temps, par satellite afin que nous sachions qu’elles pêchent honnêtement », a déclaré à l’AFP Andrew Sharpless, directeur exécutif de l’ONG Oceana.

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