Cette interdiction, adoptée par l’Organisation de gestion marine britannique et destinée à « protéger les habitats marins », est entrée en vigueur le 22 mars, s’appliquant aussi bien aux pêcheurs britanniques qu’à ceux des Vingt-Sept.
Avant la tenue le 23 mai d’un « comité spécial sur la pêche » entre la Commission européenne et le Royaume-Uni, les ministres des affaires européennes de huit Etats de l’UE ayant une façade atlantique (Belgique, Danemark, Espagne, France, Irlande, Pays-Bas, Portugal, Suède) étaient réunis à Bruxelles.
« Nous avons fait le constat (…) d’effets disproportionnés sur les pêcheurs de ces pays. Nous allons nous coordonner pour fournir à la Commission tous les éléments » afin qu’elle appelle Londres « à la retenue », a déclaré M. Barrot à l’AFP à l’issue de la rencontre.
« Nous allons fournir des éléments tendant à démontrer que les aires marines protégées envisagées par le Royaume-Uni ne satisfont pas aux critères de proportionnalité et non-discrimination prévus » par l’accord post-Brexit de commerce et coopération entre Londres et l’UE, a-t-il insisté.
Selon Paris, l’impact sur la pêche française s’élèverait à 5 millions d’euros par an, soit six fois plus que pour les pêcheurs britanniques. La pêche belge serait encore davantage affectée.
Selon l’ONG Oceana, les navires britanniques représentent seulement 6% de l’activité de chalutage de fond dans les aires marines protégées du Royaume-Uni.
« L’enjeu, c’est que le dialogue s’engage entre la Commission et le Royaume-Uni pour analyser les décisions déjà prises, leur conformité avec l’accord (post-Brexit), et faire en sorte que toute décision (de Londres) à l’avenir soit conforme à l’esprit et à la lettre de l’accord et précédé de consultations effectives » avec « les États concernés », a souligné Jean-Noël Barrot.
Au grand dam des ONG environnementales, une partie des Vingt-Sept, dont la France, s’étaient opposés l’an dernier à l’appel de la Commission européenne à interdire le chalutage de fond dans les aires marines protégées de l’UE d’ici 2030, s’alarmant notamment de l’impact socio-économique.
Bruxelles s’en est déjà pris à Londres après l’interdiction de la pêche du lançon (anguille des sables) décrétée par le Royaume-Uni depuis le 26 mars dans ses eaux de la mer du Nord et d’Ecosse, et dont pâtissent le Danemark et la Suède.
« L’UE s’interroge sur la compatibilité de cette fermeture totale et permanente avec les principes et obligations découlant (de l’accord commercial post-Brexit) », relève la Commission. Elle a engagé mi-avril des consultations avec Londres dans le cadre d’un mécanisme de règlement des différends, avec possibilité de saisir un tribunal d’arbitrage.