L’arrestation des pêcheurs, leur détention et désormais leur inculpation enfoncent un peu plus le coin entre Manille et Pékin qui revendiquent le contrôle en mer de Chine méridionale d’îles et de récifs poissonneux, potentiellement riches en pétrole et en gaz.
Le procureur Allan Ross Rodriguez à Puerto Princesa, sur l’île de Palawan, a précisé que les marins chinois encouraient 200.000 dollars (145.000 euros) d’amende pour braconnage et jusqu’à 20 ans de prison pour pêche d’une espèce protégée.
« Les choses sont claires: nous avons un bateau chinois, des pêcheurs chinois, une prise de tortues de mer » protégées, a-t-il indiqué à l’AFP.
Les pêcheurs devraient comparaître sous dix jours pour plaider coupables ou non coupables. Ils peuvent d’ici là demander leur libération moyennant le versement d’une caution de 70.000 pesos (1.160 euros) chacun.
La police philippine a arraisonné le bateau battant pavillon chinois et arrêté ses 11 membres d’équipage la semaine dernière au large du « récif de la demi-lune » (« Banyue Jiao » en chinois, « Hasa Hasa » en philippin) qui fait partie des Spratleys, un archipel situé le long d’autoroutes maritimes en mer de Chine méridionale.
Deux marins chinois mineurs ont été expulsés sans être poursuivis.
Des centaines de tortues de mer, vivantes et mortes, ont été saisies à bord du bateau chinois.
La Chine a exigé la libération immédiate de ses pêcheurs en faisant valoir sa « souveraineté indiscutable » sur le récif et appelé les Philippines à « cesser les actes de provocation » susceptibles de nuire aux relations bilatérales.
Lundi, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois a déclaré: « Nous espérons que les deux parties seront capables de traiter convenablement cette question aussi vite que possible ».
Le récif de la discorde est situé à 111 kilomètres à l’ouest de Palawan, l’archipel le plus à l’ouest de l’archipel philippin, à la frontière orientale des Spratleys.
La Chine estime jouir d’une souveraineté inaliénable sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale.
Les Philippines — qui ont saisi à ce sujet en janvier 2013 un tribunal d’arbitrage des Nations unies –, le Vietnam, le sultanat de Brunei, la Malaisie et Taïwan s’opposent à ses prétentions.
Mercredi, Hanoï a accusé des bateaux chinois, protégeant des installations de forage pétrolier dans des eaux disputées, d’avoir attaqué ses navires.
La Chine dispute en outre à Tokyo la souveraineté d’un archipel inhabité en mer de Chine orientale.
Les dirigeants des pays du sud-est asiatique réunis ce week-end en Birmanie ont fait part de leur « grande préoccupation » à propos de ces contentieux.