Les indépendantistes polynésiens, au pouvoir depuis 2023, étaient parvenus à faire réinscrire en 2013 leur collectivité sur la liste onusienne des Territoires non-autonomes à décoloniser.
Ils souhaitent engager des discussions avec la France sur cette décolonisation pour aboutir à un référendum d’autodétermination. La France, elle, n’a jamais voulu s’engager dans ce processus sous l’égide des Nations unies.
Pour la première fois, les autonomistes polynésiens – favorables au maintien de leur collectivité au sein de la République française – envoient leur propre délégation s’exprimer devant un séminaire régional du Comité de décolonisation, à Dili, capitale du Timor oriental, pour défendre leur large autonomie.
« On a les pleins pouvoirs en matière de fiscalité, d’emplois, de logement », a déclaré à l’AFP le député autonomiste Moerani Frébault, l’un des trois élus à se rendre sur place.
« L’ensemble de nos élus sont des Polynésiens, l’ensemble de nos chefs de service sont des Polynésiens : on n’est absolument pas sous le joug de la République française, comme le présentent les indépendantistes », assure-t-il.
« C’est à cause de l’Etat si nous n’avançons pas », estime au contraire le Président de l’Assemblée de la Polynésie française, l’indépendantiste Antony Géros.
Pour son directeur de cabinet, l’ex-sénateur Richard Tuheiava, qui sera aussi du voyage, « L’objectif est d’ouvrir le dialogue de décolonisation ».
Il compte aussi évoquer la « balance financière de la Polynésie », car il estime que la France rappelle régulièrement les dotations à sa collectivité d’Outre-mer, mais mentionne peu ses ressources.
La représentante autonomiste à l’Assemblée locale Tepuaraurii Teriitahi ira aussi à Dili.
Elle rappelle que si les indépendantistes sont au pouvoir en Polynésie, c’est à cause des divisions des partis autonomistes : « la majorité des Polynésiens n’est pas indépendantiste, donc ce que nous voulons contrer, c’est ce discours qui laisse croire à qui veut l’entendre que l’ensemble des Polynésiens partage cette aspiration d’aller vers l’indépendance ».
Le ministre des Outre-mer Manuel Valls est attendu début juillet à Tahiti et l’avenir statutaire de la Polynésie sera évoqué, même si la question se pose de manière moins aiguë que dans une autre collectivité française du Pacifique, la Nouvelle-Calédonie.