Au cours de sa visite aux troupes britanniques, David Cameron a répondu aux reporters lui demandant si les soldats allaient pouvoir rentrer au pays en ayant accompli leur mission: « oui, je pense qu’ils pourront rentrer la tête haute à la maison. »
Relancé par les médias, il a alors lâché les deux mots – « mission accomplie » – : « à mes yeux, le moteur principal de la mission était d’assurer un niveau de sécurité de base pour éviter que le pays ne devienne un havre pour le terrorisme. C’est la mission, c’était la mission et je pense que nous aurons accompli cette mission. »
Ces mots, prononcés dans un pays miné par la guerre depuis trois décennies et où l’on craint une flambée de violences en 2014 lors de l’élection présidentielle et du retrait de la coalition occidentale, lui ont valu un torrent de critiques mardi en Grande-Bretagne.
Le Times, dans un éditorial titré « Mission non accomplie », estime ainsi que si les soldats britanniques peuvent être fiers de leur mission dans la province de l’Helmand, « M. Cameron a moins de raisons de l’être quant au choix de ses mots ».
Parler de mission accomplie, « malgré des preuves déprimantes indiquant le contraire est tout simplement insensé », ajoute le quotidien.
« Ce n’est pas critiquer nos troupes de relever l’idiotie des déclarations de David Cameron affirmant que la mission sera accomplie lorsque nous quitterons l’Afghanistan », abonde le Sun.
Le tabloïd dresse, comme beaucoup de journaux, le parallèle avec l’ancien président américain George W. Bush qui, en 2003, avait annoncé, sur le pont du porte-avions USS Abraham Lincoln, la fin des opérations majeures de combat en Irak, sous une immense bannière portant l’inscription « Mission accomplie ».
« Depuis, 4.347 soldats américains ont perdu la vie, sans même mentionner les victimes irakiennes. On ne peut qu’espérer que David Cameron ne sera pas amené à regretter ses propos autant que le président Bush », conclut le Sun, journal le plus lu au Royaume-Uni.
Pour le Guardian aussi, David Cameron a marché dans les pas de l’ancien président américain. En faisant écho « au +mission accomplie+ ridicule de George W. Bush, David Cameron semble déterminé à ce que la Grande-Bretagne quitte l’Afghanistan de la même manière qu’elle y est arrivée en 2001: en ignorant les complexes réalités internes d’un pays désespérément pauvre et hautement ingouvernable. »
Le porte-parole de l’opposition pour les affaires de défense Vernon Coaker, a pour sa part estimé mardi que David Cameron « aurait du se montrer plus prudent dans le choix de ses mots. »