Quotas de pêche 2018: les pêcheurs mitigés, les ONG déçues

Les 28 ne sont tombés d’accord qu’au petit jour, témoignant des difficultés grandissantes à respecter les objectifs de pêche durable d’ici à 2020 censés permettre de pouvoir continuer à consommer du poisson sans mettre en péril le renouvellement des espèces.

« Plus on se rapproche de 2020, moins nous sommes flexibles au moment où il faut respecter les rendements maximum durables », a affirmé le commissaire européen à la Pêche, Karmenu Vella, lors d’une conférence de presse mercredi à Bruxelles.

Le Rendement maximum durable (RMD), soit la limite de pêche qui permet le renouvellement des espèces, est le principe directeur qui guide les négociations sur les taux de capture (TAC) dans les pêcheries européennes. La politique commune de la pêche prévoit que ce rendement s’applique à tous les stocks d’ici à 2020.

Si en 2018, deux tiers des stocks (soit 55 TAC) seront fixés à leur niveau de RMD, soit 9 TAC de plus qu’en 2017, certaines ONG ne sont pas très optimistes sur la tenue de l’objectif final.

« Dans beaucoup de cas, les limites fixées ne respectent pas le critère scientifique, perpétuant la surpêche de certaines espèces », dénonce ainsi l’ONG espagnole Ecologistas en Accion. « L’Espagne pousse presque toujours pour établir des limites de pêche supérieures aux limites durables recommandées » par les scientifiques.

« C’est faux », rétorque Javier Garat, secrétaire général de la Cepesca (Confédération espagnole de la pêche), l’une des plus importantes organisations patronales du secteur en Europe, qui appelle à ne pas se focaliser uniquement sur les objectifs scientifiques pour 2018, soulignant que les délais donnés aux pêcheurs courent jusqu’en 2020.

« Nous avons obtenu plus ou moins la stabilité (des quotas) et c’est bon pour le secteur. Même si au final l’Espagne aura un peu moins de quotas qu’en 2017, ce ne sont pas de grandes quantités et nous sommes donc satisfaits », a réagi d’une manière générale M. Garat.

Les pêcheurs français sont, eux, nettement moins contents.

« Dès l’ouverture du Conseil, la Commission a réitéré son intention d’atteindre le RMD en 2018 (au lieu de 2020) et d’introduire un moratoire de la pêche de l’anguille. Cette double approche a cristallisé les débats et laisse aux pêcheurs un goût amer », a indiqué le Comité national des pêches français (CNPMEM).

– Crispation sur l’anguille –

L’UE a effectivement pour la première fois pris des mesures pour tenter de préserver les stocks d’anguilles. Les pêcheries devront fermer au moins trois mois consécutifs entre le 1er septembre 2018 et le 31 janvier 2019, au moment de la période de migration: il sera alors interdit de pêcher les spécimens de plus de 12 cm dans les eaux de l’Union et de ses voisins, y compris en mer Baltique.

Andrew Clayton, de l’ONG Pew Charitable Trusts, a déploré des mesures « affaiblies », alors que la Commission recommandait un moratoire complet.

Des restrictions supplémentaires s’appliqueront aussi pour la pêche du bar, déjà très encadrée pour cette espèce en difficulté, à la fois pour les pêcheurs professionnels et pour l’activité de loisirs.

A l’inverse, la Commission s’est félicitée de pouvoir annoncer des augmentations des quotas de pêche sur plusieurs « stocks de valeur », comme la langoustine en mer du Nord mais aussi en mer d’Irlande et en mer Celtique (+15% à 29.091 tonnes), les chinchards dans l’Atlantique Nord, quatre stocks de sole et trois stocks de plie dans les eaux du Nord-Ouest.

Mais « malgré le maintien ou l’augmentation de certains TAC (…) les pêcheurs français, plus particulièrement ceux des façades de la Manche, du Golfe de Gascogne et ceux exerçant en mer Celtique sont déçus des résultats de cette négociation », indique le Comité national des pêches (CNPMEM), marqué selon son directeur général, Hubert Carré, par des « négociations très, très difficiles ».

« La Commission européenne a fait un abcès de fixation sur l’anguille avec un moratoire. Les négociateurs épuisant leurs forces sur ce sujet, n’en avaient plus assez pour les autres sujets qui nous tenaient à coeur », a-t-il déclaré, désabusé.

Les Infos Mer de M&O

Les systèmes de combat français – Et l’avenir de l’Homme dans la filière opération des navires de surface

Ce mémoire de Master 2 de l’Université Lyon III Jean Moulin, rédigé par Robin Vanet sous la direction de Jean-Marie Kowalski, éclaire l’histoire,...

CMA CGM valide la construction en Inde de 6 porte-conteneurs de 1 700 EVP dual-fuel au GNL

CMA CGM devient la première grande compagnie maritime internationale de transport par conteneurs à conclure un accord pour six nouveaux navires propulsés au...

Nodens : du vent dans les voiles, du whisky en cale (entretien avec Tristan Botcazou)

La devise de Nodens pourrait être "Fluctuat Nec Mergitur". A peine lancée, cette nouvelle entreprise bretonne de whisky transporté à la voile fait...

« Les ports ne peuvent plus subir la transition énergétique, ils doivent la piloter »

Par Loïc Espagnet - Président de SeaBridges Dans un secteur portuaire en pleine mutation, SeaBridges se pose comme un nouvel acteur animé par une ambition...

L’Axe Seine réinventé : un ouvrage collectif explore le lien entre Paris, Rouen et Le Havre

Une nouvelle parution consacrée à la colonne vertébrale logistique française Un nouvel ouvrage, intitulé L’Axe Seine réinventé, vient de paraître. Il plonge au cœur...

La crise de la pêche en Mauritanie peut-elle s’étendre au Maroc ? (par Gabriel Robin)

À Nouadhibou, poumon halieutique de la Mauritanie, les poissons se raréfient de plus en plus. Dans un reportage publié le 31 juillet 2025,...

Plus de lecture

M&O 288 - Septembre 2025

Colloque Souveraine Tech du 12 sept 2025

Alors qu'il était Premier Consul, Napoléon Bonaparte déclara le 4 mai 1802 au Conseil d'État, "L’armée, c’est la nation". Comment ce propos résonne t-il à un moment de notre histoire où nous semblons comprendre à nouveau combien la nation constitue et représente un bien à défendre intelligemment ? Par ailleurs, si la technologie est le discours moral sur le recours aux outils et moyens, au service de qui ou de quoi devons-nous aujourd'hui les placer à cette fin, en de tels temps incertains ? Cette journée face à la mer sous le regard de Vauban sera divisée en tables rondes et allocutions toniques.

ACTUALITÉS

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.