RETOUR SUR – Corsica Linea, ex-SNCM : le calme après la tempête

« On a transformé une structure para-publique avec un gestionnaire impalpable, sur-staffée et fortement défaillante en une entreprise de taille intermédiaire qui, trois ans plus tard, marche, a toujours fait des bénéfices et a des collaborateurs engagés », se félicite aujourd’hui le directeur général de Corsica Linea Pierre-Antoine Villanova, au siège de l’entreprise à Marseille.

La compagnie emploie 880 salariés (1.400 en été avec les contrats saisonniers) contre 2.000 en 2013. Elle a réalisé en 2017 200 millions d’euros de chiffre d’affaires et versé 1 million d’euros d’intéressement et de participation à ses salariés. « Nos collaborateurs sont contents de faire partie de l’équipe des gagnants. Pendant des années, ils étaient dans l’équipe des perdants », s’enorgueillit M. Villanova. La SNCM était détenue en 2015 à 66% par le groupe français Transdev, à 25% par l’Etat et 9% par les salariés.

Pourtant, les débuts de Corsica Linea ont été « extrêmement difficiles », observe Pierre Maupoint de Vandeul, délégué CFE-CGC des navigants. la compagnie a été accueillie avec « beaucoup de scepticisme », reconnait M. Villanova, mais elle a « réussi là où beaucoup ont échoué avant ».

Au printemps 2016, Corsica Linea, un consortium composé de 15 entrepreneurs corses, pour la plupart dirigeants de supermarchés, a pris la tête de l’ex Société nationale Corse-Méditerranée (SNCM), passée très brièvement entre les mains d’un autre entrepreneur corse Patrick Rocca.

Alors que ce dernier venait d’être choisi pour reprendre la SNCM, en redressement judiciaire depuis un an, le consortium écarté par le tribunal de commerce n’avait pas hésité en janvier 2016 à affréter un cargo concurrent sous pavillon danois.

L’initiative avait déclenché la colère des marins fustigeant « une concurrence déloyale ». Mais bien décidé à aller jusqu’au bout, le consortium au terme d’un ultime coup de théâtre parvient, quelques mois plus tard, à racheter les parts du groupe Rocca.

Pour « être en complète rupture », Corsica Linea fait alors repeindre les navires bleu et blanc de l’ex-SNCM, en rouge et blanc avec une tête de Maure, symbole de la Corse.

– « on revient de loin » –

« On a commencé par une situation conflictuelle avec des actionnaires qui avaient une vision très radicale de la politique qu’ils voulaient mener » et « cela après une période déjà très éprouvante », souligne Jean-François Simmarano, secrétaire général CGT du personnel sédentaire.

Depuis plus de dix ans, au gré des restructurations, l’entreprise, créée en 1976 pour assurer la continuité territoriale entre la Corse et le continent, puis partiellement privatisée en 2006, affronte crise sur crise. La situation atteint son paroxysme en juin 2014: une partie du personnel opposé au redressement judiciaire qui se profile, synonyme selon lui de « démantèlement », se met en grève.

Le conflit dure 17 jours, perturbe l’approvisionnement de la Corse alors que débute la saison touristique, et provoque l’ire des acteurs économiques qui mettent à sac le siège de la SNCM.

Pour calmer les esprits, le choix du placement en redressement judiciaire est repoussé à la fin de l’année, au 28 novembre 2014.

« La SNCM perdait 10 millions d’euros par an en raison de choix économiques préjudiciables, elle avait besoin d’un plan de restructuration sur lequel nous discutions d’ailleurs depuis des mois, mais pas de cette manière-là », estime M. Simmarano. « L’Etat a abandonné la compagnie et n’a pas joué son rôle », insiste le représentant CGT qui déplore que 583 emplois sur 1.400 aient été supprimés.

A l’inverse, Transdev, rejoint par le gouvernement de Manuel Valls, faisait valoir à l’époque que le redressement judiciaire de la compagnie était « la seule solution » pour éviter les amendes de 440 millions d’euros infligées par Bruxelles pour avoir perçu des aides illégales de l’Etat, à la suite d’un recours déposé par le concurrent italien Corsica ferries.

« On va dire qu’aujourd’hui, on s’en est sorti, on a sauvé 50% de l’entreprise, mais surtout ses valeurs en conservant le pavillon français », admet M. Simmarano fustigeant le « dumping social » imposé par Corsica ferries.

« Cela coûte trois fois plus cher d’armer en pavillon français qu’en pavillon italien, mais on a une délégation de service public et on ne souhaite pas l’assumer avec des gens au rabais », assure Pierre-Antoine Villanova, face à des syndicats qui se disent « toujours inquiets ».

« On revient de loin », estime Pierre Maupoint de Vandeul (CFE-CGC).

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