Après avoir vu se vider le canal de ses poissons, les quelque 3.000 Sallelois ont commencé à vraiment s’émouvoir il y a une quinzaine de jours quand les berges se sont dépeuplées de leurs rongeurs et quand les canetons qui égayent les lieux ont disparu les uns après les autres, rapporte Joan Baco, directeur général des services de la commune.
Les canards adultes eux-mêmes ne s’aventuraient plus sur l’onde.
Dans la petite ville où le phénomène occupait les conversations, il n’a pas fallu longtemps aux nombreux pêcheurs pour comprendre que le cours d’eau, une dérivation du Canal du Midi, était fréquenté par un prédateur aquatique peut-être venu du fleuve Aude avec lequel le canal communique.
« Presque en forme de boutade, le maire a proposé une récompense à qui capturerait l’animal », relate Joan Baco, « ça a motivé les pêcheurs habitués du canal, mais aussi les autres ».
Sallèles-d’Aude a ainsi vu les rives de son canal se hérisser de puissantes cannes appropriées pour ce genre de pêche.
« L’honneur est sauf », plaisante Joan Baco: ce sont deux Sallelois, un vieux et un jeune, qui, la semaine passée, ont ferré, non pas un, mais deux silures, des léviathans d’1 mètre 50 pour l’un, de deux mètres pour l’autre, si forts que l’un d’eux a brisé dans un dernier spasme le puissant tournevis avec lequel il a été achevé.
Les silures, au vague air de poissons-chats, sont des carnassiers au redoutable appétit qui vivent en eau douce, de préférence profonde et trouble. Ils ne seraient réapparus que récemment dans les eaux françaises.
Les deux pêcheurs vont recevoir des bons d’achat pour du matériel de pêche. Dans le cercle des pêcheurs de silures, on n’exclut pas que d’autres spécimens frayent encore là. Par précaution, la mairie tient en réserve quelques bons d’achat supplémentaires, dit M. Baco.