« Les règles maritimes sont une chose centrale, nous n’avons pas de garanties suffisantes sur le port d’armes à bord de nos navires par des policiers italiens », a expliqué à l’AFP Tommaso Fabbri, chef de mission de MSF en Italie, à l’issue de la réunion. L’organisation n’a pas signé, à l’instar de l’ONG « Jugend Rettet ».
Le code de conduite vise notamment à interdire aux ONG de s’approcher des eaux libyennes et de communiquer avec les passeurs, y compris via toute forme de signaux lumineux. Il exige aussi la présence d’un policier à bord.
Début juillet, les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne, réunis à Tallinn, avaient salué l’initiative italienne d’un « code de conduite » des ONG qui se lancent dans des missions de sauvetage, une activité qui doit être réalisée « dans un cadre de règles auxquelles il faudra adhérer », avait souligné la présidence estonienne.
« Nous sommes des médecins pas des policiers », a insisté lundi Tommaso Fabbri, en se rangeant derrière le droit maritime international. « Nous continuerons les opérations de secours sans rien changer, mais nous serons ouverts au contrôles ».
« Nous ne signerions qu’à condition que les nouvelles règles rendent notre travail plus efficace et augmentent la sécurité de nos bénévoles », a commenté un porte-parole de « Jugend Rettet ».
Le ministère italien de l’Intérieur a expliqué dans un communiqué que seule l’adhésion au code de conduite permettrait de faire partie d’un système institutionnel de sauvetage en mer. De fait, les non signataires en sont « écartés ».
Trois ONG, « Save the children », « Moas » et « Proactiva Open Arms », ont annoncé de leur côté leur adhésion. Dans un communiqué, le directeur général de « Save the Children » Valerio Neri a notamment souligné que sa décision de signer était guidée par « la volonté de garantir une continuité aux opérations » avec transparence.
Le ministère de l’Intérieur n’a pas précisé la position d’autres ONG qui n’ont pas participé à la réunion de lundi.
Depuis 2015, jusqu’à une douzaine de navires humanitaires privés patrouillent au large de la Libye. Selon les gardes-côtes italiens, ils ont réalisé 26% des opérations de secours en 2016 et 35% cette année, aux côtés de navires italiens, européens et commerciaux.
Profitant de leur présence au plus près des eaux libyennes, les passeurs ont commencé l’année dernière à envoyer des embarcations toujours plus fragiles et surchargées sans même plus se préoccuper de fournir aux migrants de l’eau, du carburant ou un téléphone satellitaire pour les appels de détresse.