Vel Moonien, un citoyen mauricien, a été licencié de son poste de rédacteur en chef du journal Today le 22 avril et contraint de quitter les Seychelles le samedi suivant.
Cette mesure fait suite à la fermeture de l’agence de presse seychelloise à la fin de l’année dernière, financée par le gouvernement, sans avertissement ni explication.
« Vel Moonien est un journaliste rigoureux et expérimenté, qui n’a cessé de traiter des sujets sensibles et de donner la parole à l’ensemble des formations politiques au fil de ses trente années de carrière », a déclaré à l’AFP Sadibou Marong, directeur pour l’Afrique subsaharienne de RSF.
« Le traitement abusif réservé à ce journaliste témoigne de la dégradation de la liberté de la presse aux Seychelles, à moins de cinq mois du premier tour de l’élection présidentielle », a ajouté M. Marong, condamnant un « acharnement » contre ce dernier et appelant à l’annulation de son expulsion.
Le président Wavel Ramkalawan se présente à sa réélection en septembre.
Contacté par l’AFP, le gouvernement n’a pas réagi dans l’immédiat.
L’archipel connu pour ses plages paradisiaques et son tourisme de luxe compte environ 100.000 habitants.
Les Seychelles ont obtenu le meilleur score du dernier rapport sur la gouvernance du continent de la Fondation Mo Ibrahim publié en octobre 2024.
Le pays est toutefois confronté à des défis, notamment un taux élevé de toxicomanie et les constructions réalisées par l’industrie touristique sont décriées par les défenseurs de l’environnement.
M. Ramkalwan, derrière le parti d’opposition Seychelles unies dans les sondages, est notamment critiqué pour la vente des terres près de la réserve marine d’Aldabra, d’importance écologique, à un groupe qatari qui y construit un hôtel de luxe.
Les relations entre le gouvernement de M. Ramkalwan et les médias se sont également dégradées.
Le journaliste Ralph Volcere, du média « The Independent », a été arrêté en avril 2024 pour violation de propriété après avoir pris des photos de riches ressortissants du Golfe à l’aéroport principal, qui, selon lui, étaient passés par l’immigration sans les formalités habituelles.
Le même journaliste a été interdit d’assister aux conférences de presse trimestrielles de M. Ramkalawan, lors desquelles il a critiqué d’autres reportages.