Les tourbières sont des écosystèmes humides formés de matières organiques riches en carbone et partiellement décomposées. Elles constituent le plus grand réservoir naturel de carbone.
Une équipe internationale de chercheurs, qui publie dans la revue scientifique Communications Earth and Environment, a étudié les limites des tourbières existantes dans les zones arctiques, en utilisant des données satellites, des drones et des observations sur le terrain.
Ils concluent à une probable « expansion des tourbières arctiques ces 40 dernières années », vraisemblablement en réponse au réchauffement climatique, beaucoup plus marqué dans ces régions que dans le reste du monde.
Le changement le plus marqué a été observé là où les températures estivales ont le plus augmenté, comme dans l’archipel norvégien du Svalbard.
« Le pergélisol (le sol gelé en permanence, NDLR) dégèle un peu, fournit une source d’eau à la végétation et la végétation en surface reprend. Dans cette étude, on voit spécifiquement une expansion latérale », explique à l’AFP Michelle Garneau, professeure à l’université du Québec à Montréal, co-autrice de l’étude.
« Toutes ces nouvelles surfaces végétalisées qui n’existaient pas il y a trois décennies sont actuellement actives pour absorber du carbone », souligne-t-elle.
Autre facteur à prendre en considération: lorsqu’une terre qui était sèche se transforme en tourbière, elle émet dans un premier temps du méthane, un puissant gaz à effet de serre. « Mais quand une tourbière a été humide un certain temps, les émissions de méthane se stabilisent et on s’attend à ce qu’elle devienne ensuite un puits de carbone encore plus puissant », souligne auprès de l’AFP Karen Anderson, de l’université britannique d’Exeter, autre co-autrice.
Le processus vertueux de séquestration du carbone pourrait cependant être menacé à l’avenir sous l’effet de chaleurs extrêmes qui assècheraient les tourbières ou les soumettraient à des feux dévastateurs. Elles risquent alors de devenir émettrices de carbone.
« A court terme, ces tourbières en expansion représentent un puits de carbone en croissance… mais à l’avenir cela pourrait s’inverser », souligne Karen Anderson.
« Même si notre étude apporte des bonnes nouvelles, elle ne doit pas nous détourner du besoin urgent de réduire les gaz à effet de serre et de stabiliser notre climat », conclut la chercheuse.