Les principaux instigateurs de cette fraude étaient entendus, à savoir cinq pêcheurs, quatre hommes et une femme âgés de 28 à 42 ans, la société Cap Horn, spécialisée dans l’achat et la vente de palourdes notamment, et ses deux dirigeants.
La procureure a notamment requis à leur encontre des peines de 200 jours-amendes de 50 à 100 euros et une interdiction définitive d’exercer toute activité en lien avec la pêche.
Ces pêcheurs amateurs, qui ne bénéficient donc d’aucune licence professionnelle, ont récolté et revendu pendant plusieurs mois des centaines de kilos de palourdes à la société Cap Horn, dépassant largement la limite quotidienne de deux kilos fixée pour les pêcheurs de loisirs.
Ils ont également ponctuellement pêché en dehors des périodes autorisées, notamment lorsque la pêche a été interdite à cause d’une pollution à l’E. coli.
Des interceptions téléphoniques réalisées dans le cadre de l’enquête ont mis en évidence une forme de « pression », selon les termes du président, exercée par Jean-Michel Zanon, PDG de Cap Horn, sur les pêcheurs pour obtenir toujours plus de palourdes.
« Continuez à travailler, vous êtes des feignants ça vous apprendra », a dit M. Zanon à des pêcheurs avec lesquels il travaillait, selon un enregistrement récupéré par les enquêteurs et lu en salle d’audience.
Selon son avocat, il conteste « faire partie d’une organisation structurée ».
Confronté par le président aux effets sur l’environnement de son activité, M. Zanon a assuré qu’il ne pensait pas que cela puisse avoir des conséquences sur l’écosystème car il n’avait « jamais vu des gisements avec autant de palourdes ».
Deux associations de protection de l’environnement, France Nature Environnement Paca et la Ligue pour la Protection des Oiseaux de la région, se sont constituées parties civiles, souhaitant alerter sur la dangerosité du trafic de palourdes.
Leur avocate Me Vergnoux a appelé à ne pas « minimiser » l’impact sur la biodiversité du trafic d’espèce sauvages, l’un des plus lucratifs dans le monde.
Les palourdes, très présentes dans l’étang de Berre, l’une des plus grandes lagunes méditerranéennes d’Europe, agissent comme des « filtres » contre divers « polluants ».
Enlever « ces quantités astronomiques de palourdes dans ce milieu », c’est retirer « un pouvoir de filtration énorme dans un milieu déjà pollué », a-t-elle ajouté.