Transport maritime Corse-continent: semaine cruciale pour la SNCM

La Société nationale Corse Méditerranée, dans la tourmente avec des difficultés de trésorerie et d’actionnariat, est aussi pénalisée par des condamnations de Bruxelles à rembourser 440 millions d’euros d’aides liées à sa privatisation en 2006 et à la délégation de service public (DSP) de desserte Corse-continent de 2007 à 2013.

La compagnie, qui emploie 2.600 personnes et dont dépendent des centaines d’emplois induits en Corse et à Marseille, a réalisé en 2012 quelque 300 millions de chiffre d’affaires pour 14 millions de pertes. Mais elle a remporté en septembre avec une autre société, la Méridionale, l’appel d’offre de DSP pour 2014-23.

Mercredi, le président du directoire de la SNCM, Marc Dufour, doit démontrer à l’actionnaire la validité de son plan de sauvetage et le besoin de 13 millions d’euros pour faire le relais avec la saison prochaine, alors que la Collectivité de Corse doit encore 60 M EUR à la compagnie.

Ce plan doit permettre d’économiser 70 millions d’euros par an et d’atteindre la rentabilité en deux ans, via notamment la suppression de 500 postes par des départs volontaires.

Prévu pour 2013, ce plan a du être reporté en 2014 à la demande de Veolia.

Des opérations exceptionnelles, comme le remplacement d’un navire, le Napoléon-Bonaparte, victime d’une avarie en 2012, ont en outre pénalisé la trésorerie de près de 20 MEUR en 2013 par rapport à 2012.

Concernant une dette de plus de 100 M EUR à la maison mère Transdev, la quasi-totalité de la somme résulte d’un engagement pris lors de la prise de contrôle de la SNCM, pour acheter un navire, le Jean-Nicoli, dans l’attente de la mise en place d’un prêt bancaire à long terme ce qui n’a jamais été fait, a-t-on indiqué de source proche du dossier.

En cas de rejet du plan par Veolia, la compagnie sera placée en redressement judiciaire et le sort des personnels dépendra d’un repreneur qui notamment pourrait être la Méridionale, dont les résultats de 2012 et 2013 sont également négatifs.

Le même jour, mercredi, les marins doivent valider par référendum un pacte social prévoyant de gagner 25% de productivité en remplaçant les anciens accords d’entreprise dénoncés par la direction en 2012.

La CGT, majoritaire, a appelé à voter pour ce plan. Mais elle a déposé un préavis de grève reconductible au 1er janvier 2014 pour dénoncer le « double jeu » du gouvernement socialiste.

Elle reproche notamment au ministère des Transports de mettre au point un décret sur les règles sociales appliquées aux travailleurs étrangers « préservant les intérêts des armateurs ».

« Le jeu de Corsica Ferries »

Le ministre Frédéric Cuvillier, selon la CGT, organise la « libéralisation » du secteur en instaurant un « dumping social » au détriment des emplois, et son entourage fait clairement le jeu de la compagnie privée Corsica Ferries aux navires battant pavillon italien et aux équipages multinationaux, ajoute le syndicat.

La CGC-CFE a aussi déposé un préavis de grève. Le syndicat de l’encadrement dénonce « la défaillance des actionnaires » et « le scénario de la +discontinuité+ » envisagé « froidement » par Veolia, Transdev et la Caisse des dépôts et consignations sur fond d’une « campagne médiatique particulièrement hostile mettant en avant le spectre d’un dépôt de bilan » et « l’organisation d’une vente à la découpe pour s’affranchir d’un passif toujours très théorique ».

Le lendemain, jeudi, c’est le groupe de travail, appelé comité de pilotage des actionnaires, institué par le ministère des Transports avec les actionnaires, qui se réunira au ministère pour décider du sort de la SNCM.

Lors de précédentes réunions, l’Etat s’est peu à peu aligné sur les positions de Veolia en vue de parvenir à un dépôt de bilan, souligne-t-on de source proche du dossier.

M. Dufour a pourtant clairement expliqué que la compagnie est « viable et rentable dans les deux ans » et qu’il existe « une solution sur les plans économique et juridique, mais qui ne peut être mise en oeuvre que s’il y a une volonté politique ».

Le gouvernement, a-t-il notamment souligné, n’a pas mis « tous les moyens en oeuvre (car) il faut mener très vite une discussion, qui n’a pas été entamée, techniquement, juridiquement et politiquement, avec la Commission (de Bruxelles), comme font tous les États quand il y a pareille affaire ».

Vendredi, enfin, une conseil de surveillance de la compagnie a été convoqué tandis que l’Assemblée de Corse votera les nouvelles obligations de service public, reformulées après leur annulation par la justice administrative.

pl/mfo/LyS

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