« Il ne faut pas confondre le droit de grève et le piquet de grève qui utilise les biens de l’employeur pour obtenir une revendication », a déclaré à l’audience l’avocat du propriétaire, Me Stéphane Servant, en dénonçant le « blocage des moyens de production ».
« Nous demandons juste aux marins de débarquer (du navire) sans mettre un terme à leur revendication », a-t-il expliqué devant le juge des référés, qui a mis le dossier en délibéré au 16 juillet.
Le RSV Endeavour, un ancien navire de la Royal Navy transformé en chasseur d’épaves sous pavillon panaméen, appartient à l’armement singapourien Hallström Holdings dirigé par le Suédois Sverker Hallström.
Le bateau est retenu au port de Brest en raison d’un conflit social avec l’équipage sud-américain qui a débuté fin mai.
L’avocat des marins, Me Luc Pieto, a fait valoir l’incompétence du tribunal des référés de Brest. « Il n’y a pas de trouble illicite (à l’ordre public), et il n’y a aucune notion d’urgence ou de péril sur le bien ou les personnes. C’est une grève, un conflit du travail avec des marins dont aucun n’est domicilié en France », a-t-il plaidé, en suggérant la saisie d’un tribunal compétent au Panama.
« Le Panama, où 24% de la flotte mondiale est inscrite, signe les textes internationaux mais ne les applique pas pour préserver les intérêts des armateurs », a dénoncé Me Pieto.
Le Panama reconnaît le droit de grève dans son code maritime, qui s’applique en Atlantique et dans le Pacifique dans deux juridictions distinctes.
La CGT des marins du Grand Ouest et les représentants de la fédération internationale du transport (ITF) ont obtenu des sept marins grévistes qu’ils libèrent le quai où leur bateau empêchait les organisateurs des fêtes maritimes brestoises Tonnerres de Brest d’installer les pontons qui accueilleront les grandes goélettes.
En échange, ils ont reçu un stand d’une vingtaine de m2, dans le cadre de ces fêtes maritimes, pour faire connaître leur conflit qui n’a toujours pas trouvé d’issue.