Un cargo espagnol se brise sur une digue, risque de pollution majeure écarté

Peu après 13H45, les onze marins espagnols de l’équipage du « Luno », en provenance de Bilbao et qui se rendait à Bayonne, ont pu être hélitreuillés. Un seul marin a été légèrement blessé, son état n’a nécessité que quelques points de suture.

Ces hommes se trouvaient à bord avec un pilote du port de Bayonne, évacué avec eux après près de deux heures de tentatives de l’hélicoptère, alors que les rafales de vent atteignaient par moments jusqu’à 110 km/h sur la plage de la Barre.

« Le bilan aurait pu être extrêmement lourd », a déclaré à des journalistes le ministre de la Mer, Frédéric Cuvillier, qui s’est rendu sur place notamment pour féliciter les secours.

En dépit du déclenchement du plan Polmar de lutte contre les pollutions maritimes à la mi-journée, le ministre a estimé que « les risques de pollution massive » pouvaient être « a priori écartés », sept heures après l’accident, notamment parce que le carburant du navire, du gasoil, se dilue facilement.

Sur la plage — un spot du surf — gisait mercredi soir une moitié de carcasse rouge du cargo espagnol, de 3.446 tonnes, 100 mètres de long et 14,8 m de large, tandis qu’au bout de la digue, à quelques dizaines de mètres, restait accrochée l’autre moitié du navire, avec sa cabine de pilotage à l’arrière.

Le maire d’Anglet, Jean Espilondo, s’est montré prudent sur les risques de pollution, estimant qu’il faudrait encore attendre que la houle se calme, jeudi, pour s’assurer qu’aucun des réservoirs du cargo, situés dans la partie avant échouée sur la plage, n’était perçé. « Je reste quand même un peu inquiet », a-t-il dit, alors que les départements de la façade Atlantique étaient encore mercredi soir en vigilance orange pour les vagues-submersion.

L’armateur espagnol du « Luno », Naviera Murueta, a pour sa part assuré à l’AFP que le cargo était en « parfait état » lors de la révision technique menée lundi, avant son départ.

Le bateau a été victime d’une « avarie électrique totale » vers 10h10, selon la préfecture maritime de l’Atlantique, ce qui l’a sans doute rendu très difficilement manoeuvrable, dans des circonstances rendues dangereuses par les intempéries. Il a ensuite heurté la digue, où il s’est encastré, avant de se briser en deux.

Jean Espilondo s’est interrogé sur l’autorisation accordée au navire d’entrer dans le port de Bayonne, par très mauvais temps: « On sait que les conditions d’entrée dans le port sont très difficiles », a-t-il dit. Mais, selon Frédéric Cuvillier, le pilote du port a pris la décision de faire entrer le navire après avoir constaté qu’un autre navire était sorti du port peu avant sans encombre.

Plusieurs enquêtes — pénale et administrative — ont été ouvertes qui devront déterminer d’éventuelles responsabilités.

Naufragés « apeurés »

C’est sur une passerelle de la partie arrière du navire, à côté de la cabine de pilotage, que les onze membres de l’équipage sont restés dans l’attente de leur sauvetage, alors que « le bateau gîtait beaucoup avec une houle de six à huit mètres », a raconté à l’AFP le commandant de l’hélicoptère Puma de l’armée de l’Air dépêché pour le sauvetage, le capitaine Benjamin Bougault. Les naufragés « étaient complètement apeurés, tellement qu’ils refusaient de retirer leurs gilets de sauvetage pour mettre les brassières », nécessaires à l’hélitreuillage, a-t-il précisé. Ils ont finalement pu être évacués, aux alentours de 13H00, un à un.

Pendant ce temps, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques évaluait les risques de pollution provoquée par ce cargo dont le réservoir contient 127 m3 de mazout, soit l’équivalent de quatre camions-citernes.

Hormis des reflets de gasoil sur les flots, la plage ne présentait en début d’après-midi aucune trace de pollution.

Le plan Polmar permet la mobilisation de moyens en mer et sur terre, par exemple des barrages flottants. Il existe depuis 1978, suite à la catastrophe de l' »Amoco Cadiz », qui avait répandu 228.000 tonnes de pétrole sur le littoral breton. Il a également été déclenché dans les Landes où aucune pollution n’a pour l’instant été détectée, a précisé la préfecture.

D’après le site internet spécialisé bateaux-fécamp.fr, le « Luno », sorti en 1994 des chantiers navals espagnols Astilleros de Murueta à Guernica, avait déjà subi une avarie moteur le 13 juillet 2012, également à l’entrée du port de Bayonne, et avait dû être pris en charge par deux remorqueurs. L’armateur, Naviera Murueta, interrogé sur ce point, a démenti cette information.

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