Lors d’une « parade de propagande de style militaire » comme l’a relevé le journal norvégien Barents Observer, une cinquantaine de 4×4, engins et motoneiges ont défilé sur fond de musique martiale dans une rue encore enneigée de Barentsburg, communauté minière russe atypique sur ces terres appartenant à un pays membre de l’Otan.
Certains chauffeurs qui ont défilé derrière le véhicule du consul russe étaient vêtus d’uniformes verts évoquant des habits militaires.
Egalement connu sous le nom de Spitzberg, le Svalbard est situé à un millier de kilomètres du pôle Nord.
Ce territoire grand comme deux fois la Belgique est régi par un traité conclu en 1920 à Paris qui reconnaît la souveraineté norvégienne mais qui accorde aussi aux ressortissants des parties contractantes le droit d’y exploiter les ressources naturelles « sur un pied de parfaite égalité ».
C’est à ce titre que la compagnie étatique russe Trust Arktikugol exploite un filon de charbon à Barentsburg, village où vivent entre 300 et 400 russophones, essentiellement des Russes et des Ukrainiens du Donbass, et où trône une statue de Lénine.
Le traité dispose aussi que ces terres « ne devront jamais être utilisées dans un but de guerre ».
Pour de nombreux experts, la présence russe au Svalbard est largement motivée par le caractère stratégique de l’archipel, au milieu de l’Arctique, dans la partie septentrionale d’une zone empruntée par la Flotte du Nord pour regagner l’océan Atlantique.
A Longyearbyen, le chef-lieu de l’archipel, le gouverneur –norvégien– du Svalbard, Lars Fause, a dit avoir « noté via les réseaux sociaux qu’une commémoration du 9 mai a eu lieu à Barentsburg ».
« La liberté de se rassembler vaut en Norvège », a-t-il dit, dans un courriel envoyé à l’AFP par ses services. « Les commémorations semblent plus imposantes et d’un autre caractère que dans le passé », a-t-il aussi souligné.
Affirmant avoir été informé de la tenue de commémorations sans en connaître les détails, il a expliqué avoir décliné, comme l’an dernier, une invitation à y participer « à cause de la guerre en Ukraine ».
De son côté, le ministère norvégien des Affaires étrangères a aussi relevé que « dans la situation actuelle, les commémorations du jour de la victoire ont un contenu différent du fait de la guerre illégale de la Russie en Ukraine ».
« Il est compréhensible que cela soulève des réactions négatives », a précisé une porte-parole du ministère, Ragnhild Simenstad.