Daniel Penny, 24 ans, vêtu d’un costume sombre sur une chemise blanche, est ressorti menotté d’un commissariat de police du quartier de Chinatown, dans le sud de Manhattan, avant d’être déféré au tribunal pénal voisin où la justice lui a présenté les poursuites pour « homicide involontaire » à son encontre.
Le jeune homme, un militaire actuellement en retraite de l’armée, est ressorti libre après le paiement d’une caution, selon la presse judiciaire new-yorkaise.
Dans un communiqué jeudi soir, les procureurs de l’Etat de New York pour la juridiction de Manhattan avaient annoncé par avance l’arrestation et ce chef d’inculpation contre M. Penny.
D’après son avocat Thomas Kenniff, son client a « la tête haute » et assume « avec l’intégrité et l’honneur qui le caractérisent ».
Ses défenseurs avaient assuré jeudi qu’il avait « risqué sa vie » pour « protéger d’autres New-Yorkais » et qu’il serait « complètement absous » pour « la mort non intentionnelle et imprévisible » du sans-abri Jordan Neely, 30 ans.
Le soldat est accusé d’avoir provoqué le 1er mai le décès par « compression » au niveau du cou de M. Neely, selon la médecine légale de la ville.
Ce jeune Afro-Américain qui vivait dans les rues de Manhattan, était réputé depuis dix ans pour sa ressemblance et des performances imitant celles de la légende de la musique et de la danse Michael Jackson (1958-2009).
– Emotion –
C’est une vidéo du drame, diffusée par toute la presse, qui a déclenché une vive émotion à New York.
Durant cinq minutes, elle montre la victime au sol dans un wagon du métro, M. Penny couché derrière pour l’entraver et lui serrer le haut du corps.
Des passagers, debout au-dessus des deux hommes, semblent décontenancés, d’autres tentent vaguement de bloquer les bras de M. Neely qui se débat.
Un témoin a raconté à l’AFP que M. Neely avait fait irruption dans le wagon en criant sur des passagers et en leur réclamant de quoi manger ou boire.
L’homme, connu à Manhattan, avait été interpellé des dizaines de fois, notamment pour tapage sur la voie publique. Il souffrait, comme nombre de SDF, de troubles psychiatriques, dans une mégapole de 8,5 millions d’habitants aux inégalités socio-économiques et raciales abyssales.
Son père et sa tante, accompagnés de leurs avocats, ont dénoncé vendredi, devant la presse rassemblée dans une rue de Manhattan, un « meurtre » et réclamé que « justice soit faite ».
Le suspect « ne peut pas réécrire la fin de l’histoire. Il a passé ses bras autour du cou de Jordan, l’étouffant et l’étranglant à mort. Il doit payer pour cela », a tonné l’avocat Lennon Edwards.
La gauche locale est montée au créneau sur cette affaire, la parlementaire démocrate pour New York à la Chambre des représentants, Alexandria Ocasio-Cortez, dénonçant un « meurtre », et des manifestations de colère ont eu lieu à Manhattan et à Brooklyn.