Une semaine après des manoeuvres militaires d’encerclement impliquant un nombre record d’avions et au lendemain d’exercices à proximité de l’île incluant des tirs à munitions réelles, le ministre de la Défense taïwanais a annoncé que le Liaoning traversait cette voie maritime, épicentre des tensions depuis 70 ans.
« Nous le surveillons de près », a déclaré Wellington Koo à des journalistes.
La Chine considère Taïwan comme une partie intégrante de territoire qu’elle entend réunifier par la force si nécessaire.
Les relations entre Pékin et Taipei sont exécrables depuis 2016 et l’arrivée à la présidence taïwanaise de Tsai Ing-wen, puis de son successeur Lai Ching-te en 2024.
La Chine les a régulièrement accusés de vouloir creuser la séparation culturelle entre l’île et le continent. En réponse, Pékin a notamment renforcé son activité militaire autour du territoire.
Mi-octobre, Pékin avait organisé des manoeuvres à grande échelle avec un nombre record d’avions et de navires militaires, quelques jours après la fête nationale de Taïwan.
Le Liaoning, le plus vieux porte-avions chinois, avait navigué, à cette occasion, dans des eaux proches de l’île japonaise méridionale de Yonaguni, à l’est de Taïwan, et des avions en avaient décollé, selon le secrétaire général adjoint du gouvernement japonais Kazuhiko Aoki.
– « Intimider » Taïwan –
Selon Jiang Hsin-biao, expert militaire à l’Institut taïwanais pour la Recherche sur la Défense nationale et la Sécurité, le navire semble désormais rentrer au port de Qingdao dans l’est de la Chine pour « se ravitailler et recevoir la maintenance nécessaire ».
L’analyste, interrogé par l’AFP, a qualifié sa participation aux récentes manoeuvres militaires comme visant à « s’entraîner » à faire face à « des forces étrangères » et à « intimider Taïwan ».
Plus récemment, les autorités chinoises avaient annoncé la tenue mardi de manoeuvres militaires près de Taïwan pendant plusieurs heures avec des tirs à munitions réelles.
Taipei a déclaré que ces exercices pourraient faire partie des « tactiques de Pékin pour renforcer son intimidation » dans le détroit de Taïwan. Le Premier ministre Cho Jung-tai les a décrits comme une « menace qui sape la paix et la stabilité régionales ».
Au cours du week-end, un navire de guerre américain et un autre canadien ont traversé le détroit de Taïwan, large de 180 kilomètres, dans le cadre des passages réguliers effectués par Washington et ses alliés pour renforcer son statut de voie navigable internationale.
Pékin a condamné ce passage, estimant qu’il perturbait « la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan ».
Depuis la prise de pouvoir des communistes à Pékin en 1949 et la fuite du gouvernement nationaliste à Taïwan, le détroit sépare politiquement cette île de 23 millions d’habitants, aujourd’hui gouvernée démocratiquement, de la République populaire de Chine.
Il concentre plus de 20% du commerce mondiale.