Depuis le 17 juillet, une coalition hétéroclite antirebelles composée de combattants progouvernementaux, de membres de tribus sunnites et de séparatistes sudistes, contrôle Aden, la deuxième ville du pays, après l’avoir reprise aux insurgés chiites Houthis.
Début août, des éléments du réseau extrémiste sunnite Al-Qaïda s’étaient installés dans le QG de la police politique, où ils avaient « détruit ou emporté des dossiers », a déclaré un responsable provincial sous le couvert de l’anonymat.
Samedi, tôt le matin avant de se retirer du QG situé dans le quartier central de Tawahi, près du siège de la télévision publique, les membres d’Al-Qaïda l’ont fait exploser, a-t-il ajouté.
Le bâtiment de quatre étages s’est effondré et la forte explosion a été entendue dans plusieurs quartiers de la ville, selon des habitants.
L’explosion n’a pas fait de victime, a ajouté le même responsable.
Selon des sources de sécurité, des membres d’Al-Qaïda ont en outre pris position dans quatre bâtiments de Tawahi, un de la marine de guerre, un autre du service de renseignement, une résidence présidentielle et un hôtel, le Gold Mohur.
La présence d’éléments d’Al-Qaïda avait été signalée dans certains secteurs d’Aden après la chute en mars de la ville aux mains des rebelles Houthis qui en ont été chassés il y a plus d’un mois.
Les combattants d’Al-Qaïda n’ont pas cherché à établir des points de contrôle dans le quartier ni à lancer des patrouilles, selon les sources de sécurité.
Les forces progouvernementales continuent elles à contrôler les installations vitales d’Aden notamment ses trois ports -le terminal pétrolier, le port à conteneurs et un troisième petit port-, l’aéroport international et le siège de la sécurité générale.
Cependant, la présence des forces de sécurité reste limitée dans d’autres secteurs depuis l’effondrement du système de sécurité et la fuite de nombreux policiers.
Un adjoint du ministre de l’Intérieur, le général Ali Nasser al-Akhcha, a reconnu la présence d’Al-Qaïda à Aden et affirmé la détermination de son ministère à les chasser de la ville.
« Les extrémistes commencent à apparaître au grand jour mais nous allons nous en débarrasser le plus vite possible », a-t-il déclaré à l’AFP.
Bien implanté dans le sud du Yémen, Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), la branche du réseau extrémiste basée au Yémen, contrôle depuis avril Moukalla, la capitale de la vaste province du Hadramout (sud-est).
Considérée par Washington comme la branche la plus dangereuse d’Al-Qaïda, l’organisation Aqpa a profité de l’affaiblissement du pouvoir central au Yémen en 2011, à la faveur de l’insurrection contre l’ex-président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer sa présence dans le pays. Elle tente aujourd’hui de profiter de la guerre au Yémen entre pouvoir et Houthis pour s’emparer de nouvelles régions.